"Dans ce contexte, la communauté internationale se doit de faire front commun et lutter pour non seulement éradiquer cette pandémie-là, mais pour également construire des systèmes de santé résilients, capables d'absorber de tels chocs et de réagir promptement à l’avenir", écrit l'auteure de l'article, Salma Daoudi.
Dans ce concours d'idées, Mme Daoudi a dressé un tableau des différentes approches adoptées par cinq Etats différents afin de contrer la propagation du COVID-19, notamment le Maroc, la France, les Etats-Unis, la Corée du Sud et la Chine, "dans le but de relever les principaux succès et failles caractérisant la gestion de la pandémie à travers le monde".
Son analyse évoque dans un premier temps les mesures prises par le Maroc afin d'endiguer la pandémie, rappelant que le Royaume a été "l’un des premiers pays à prendre la décision de suspendre ses liaisons maritimes et aériennes, alors même que le nombre de cas au sein du pays ne dépassait pas la dizaine, suivi de peu par la France lors de la fermeture des frontières Schengen annoncée le 16 mars".
Pour elle, cette approche "semble avoir porté ses fruits" en Italie, dont le nombre de nouveaux cas par jour commence à baisser considérablement, mais dont "la facture peut se révéler assez salée", vu les coûts de l’inactivité économique.
"C’est pourquoi la solidarité renaît comme valeur essentielle à l’instauration d’un confinement strict mais juste à l’égard de ceux qui ne peuvent se permettre de se passer de revenus quotidiens sans en subir les sévices", souligne-t-elle.
Ainsi, un élan de solidarité nationale profond caractérise par exemple la gestion de la crise au Maroc, fait-elle observer, notant que le gouvernement marocain a doublé les restrictions de déplacement imposées, sévères mais nécessaires, d’initiatives sociales visant à protéger les ménages des répercussions socio-économiques liées à l’interruption de l’activité économique.
Elle est également revenue sur la décision du gouvernement marocain d'imposer le port du masque, signalant que l’industrie marocaine s’est adaptée à cette mesure (...), en reconvertissant plusieurs usines à la confection de masques, et ce dans le but d’atteindre une production de 5 millions d’unités par jour.
Quant à la Chine et les Etats-Unis, Mme Daoudi estime que les deux pays ont plutôt misé sur un confinement partiel, en partie pour tenter de préserver leurs économies respectives et minimiser les dégâts.
"Les Etats-Unis, victimes d’une progression exponentielle du nombre de cas bien plus marquée que tout autre pays, ont ainsi adopté une politique de confinement décentralisée, excluant la possibilité d’un confinement national généralisé qui paralyserait les chaînes de production et gèlerait l’activité économique", explique-t-elle, ajoutant qu'en Chine, "seules les provinces les plus affectées ont été mises en quarantaine pendant près de deux mois, tandis que le reste du pays était tenu de respecter la distanciation sociale tout en vaquant aux occupations professionnelles nécessaires au maintien de l’économie".
Elle a par ailleurs signalé qu'en Chine, qui s’engage dans un déconfinement progressif, une légère hausse de cas enregistrés signale une possible seconde vague épidémiologique qui pourrait mettre en péril les "progrès" réalisés et se répandre comme une "traînée de poudre" dans le pays.
En revanche, la Corée du Sud, "élève modèle" de la gestion de la crise sanitaire engendrée par le COVID-19 ayant réussi à stabiliser la progression du nombre de cas et à contrôler le nombre de décès, n’a à ce jour toujours pas fermé ses frontières, poursuit-elle, précisant que le pays se contente d’imposer des contrôles stricts aux frontières et des quarantaines obligatoires à tous ceux pénétrant son territoire, ni même prescrit de mesures de confinement.
"La Corée du Sud a adopté une approche radicalement différente, privilégiant le dépistage de masse et la responsabilisation de la population au confinement", a-t-elle fait observer.
De surcroît, cette compétition qu’attise la pandémie interroge également sur la résilience des organisations internationales et leur capacité à mobiliser l’effort collectif afin de coordonner une réponse multilatérale face à la crise, relève Mme Daoudi, soulignant que l’OMS a subi "de plein fouet" le revers de la "politisation" de la pandémie, menacée de perdre plus de 15% de son budget après le gel des contributions américaines annoncé le 16 avril.
Au bout du compte, relève l'auteure de l'article, les leçons tirées de "nos précédentes expériences" face aux pandémies soulignent l’importance de la coopération sanitaire, affirmant dans la même veine que "ni les pathogènes ni leurs affres ne s’arrêtent aux frontières".
"Si les premières vagues infectieuses ont déferlé sur les économies les plus développées et les systèmes de santé les plus résilients, les suivantes bouleverseront l’équilibre précaire des pays les plus fragiles et amplifieront la violence multidimensionnelle des zones de conflit, où le COVID-19 risque de devenir une maladie endémique s’inscrivant sur la durée", estime-t-elle.