"L’idée n’est pas de créer un organe doté de moyens d’action contraignants mais simplement un organe habilité à prendre des décisions dont la force reposerait sur leur légitimité scientifique et leur objectif d’un intérêt commun de l’humanité", souligne M. Machrouh dans un article publié par le think-tank marocain PCNS sous le titre: "Coronavirus, risque global et ordre mondial".
L’universitaire ajoute que l’organe proposé pourrait être intégré au sein de l’OMS, elle-même membre de la famille des Nations unies, mais avec une composition apolitique et inclusive. Ses membres, spécialistes des questions de santé publique, devraient représenter les différents continents et non leurs pays respectifs et auraient pour mission de prévoir les menaces, d’analyser les risques et d’adopter, en temps de crise sanitaire globale, des recommandations applicables à tous les Etats, suggère-t-il.
M. Machrouh relève qu’il serait également fondamental de replacer l’humain au centre des politiques publiques aussi bien nationales qu’internationales, ce qui implique, par exemple, d’écarter le domaine de la santé de la logique du marché.
"Force est de constater, à ce propos, que tous les systèmes juridiques considèrent que le corps humain est hors de commerce et ne peut être qualifié que comme une valeur extrapatrimoniale", explique-t-il, notant que le droit à la santé est également reconnu par les déclarations universelles des droits de l’Homme et des actes internationaux comme une composante essentielle des droits humains.
Au niveau opérationnel, écrit le chercheur, il conviendrait de réfléchir sur des mécanismes internationaux innovants d’investissements et de financements pour sauvegarder et promouvoir la santé publique. Cela va des Fonds nécessaires à la recherche scientifique en matière de médicaments vitaux pour la lutte contre les maladies contagieuses à la conception des systèmes de prévention et d’alerte.
Ouvrer en faveur de l’émergence d’une nouvelle génération de la puissance et du leadership serait aussi opportun pour protéger l’ordre mondial contre ce risque global, fait-t-il observer.
"Les décisions étatiques prises jusqu’à présent vont dans le sens de la première force, destructrice du multilatéralisme", prévient-il, ajoutant que les Etats-Unis et la Chine ne sont pas d’accord ni sur l’origine de la pandémie, ni sur les protocoles de traitement et encore mois sur son appellation.
En outre, le chercheur fait valoir que la solidarité transatlantique qu’on croyait gravée dans le marbre par la force du partage d’une communauté d’Histoire et de valeurs démocratiques "s’est réduite comme une peau de chagrin".
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