1. Quel est l'impact du covid-19 sur l'immobilier ?
Comme dans la plupart des secteurs, le covid-19 a un impact de mise à l'arrêt pour l'immobilier. En effet, la grande majorité des chantiers sont à l'arrêt, les bureaux de ventes sont fermés, la possibilité d'acquérir les documents nécessaires pour l'obtention d'un crédit ou pour réaliser une transaction immobilière se compliquent.
Tout le secteur est suspendu à la reprise de l'activité et à la levée du confinement afin de pouvoir redémarrer. L'on doit s'attendre à une baisse drastique des ventes en avril et mai connaîtra également, en toute logique, un impact conséquent. Un retard de livraison des projets immobiliers est également envisagé.
C'est un coup dur pour les professionnels de l'immobilier, car la baisse des ventes signifie aussi une diminution très importante des encaissements, et donc de la gestion de la trésorerie et du cash-flow de ces différents acteurs. Toutes les transactions depuis le 15 mars ne sont pas perdues, mais reportées. Au vu de la suspension de l'activité évidente ces dernières semaines (et très probablement ces prochaines semaines), il est à prévoir une chute de 15% a minima des ventes et locations attendues pour 2020.
2. Justement, quelles conséquences aura cette chute sur les prix, les taux d'emprunt bancaire et la capacité des banques à octroyer des crédits immobiliers ?
La chute des transactions n'a pas forcément vocation à faire baisser les prix de l'immobilier. Dans un premier temps, dans l'immobilier ancien (seconde main) la vente ne dépend que du besoin réel du vendeur de se défaire de son bien. Si le vendeur peut attendre –ce qui est le cas en général– les prix ne descendront pas. Mais s'il est, après un aléa dû à la pandémie, dans l'obligation de vendre rapidement, les prix risquent évidemment de chuter en raison des règles du marché de l'offre et la demande, mais ce n'est pas la norme à ce stade du confinement.
Ensuite, sur l'immobilier neuf, cela dépend largement de la situation financière des différents promoteurs immobiliers. S'ils sont en fonds propres, ou avec un léger crédit, les promoteurs devraient s'en tenir à leur business plan, apporter sans problème les semaines d'inactivité et les prix resteront identiques. Dans le cas où le promoteur est largement endetté par son projet, la situation peut être différente. Mais là encore, il a été demandé aux banques de jouer le jeu et elles devraient être plus enclin à donner des facilités de paiement, plutôt que d'étrangler leurs partenaires financiers que sont les promoteurs.
À ce stade et si le confinement dure jusqu'à fin mai, il ne devrait pas y avoir de baisse significative de prix, mais plutôt quelques ajustements sur des opportunités concrètes. Cependant, si la crise dure plus longtemps, un repli plus important des prix serait envisageable pour soulager les crédits bancaires et la trésorerie des promoteurs, d'un côté, mais également parce que la situation serait moins prévisible sur le long-terme, plus instable et donc pousserait les différents acteurs (particuliers ou promoteurs) à chercher à liquider leurs actifs immobiliers.
3. Comment atténuer l'impact de cette crise sur le marché immobilier ?
Le plus important à ce stade est de pouvoir digitaliser la plus grande partie de ses outils et documentation de ventes, afin de pouvoir informer les personnes intéressées sans se déplacer avec photos des biens, vidéos/visites virtuelles, visibilité online (Mubawab, site Web, Facebook...), contrats, cahiers des charges, autorisations, plans digitalisés et facilement envoyables par email ou par whatsApp.
Chez Mubawab, l'on a relavé une baisse drastique de la demande les premiers jours du confinement, mais, aujourd'hui, la demande est revenue quasiment à la normale. Les personnes en recherche d'un bien prennent le temps de se renseigner sur les disponibilités qui pourraient les intéresser et les professionnels les mieux préparés vont pouvoir les renseigner convenablement et créer un lien de confiance plus que jamais essentiel aujourd'hui, pour la transaction immobilière.
4. Comment voyez-vous l'évolution de l'immobilier durant la période de l'après-coronavirus ?
Pour répondre à cette question, il faudrait avant tout pouvoir comprendre quand pourra-t-on se considérer en période "d'après-coronavirus". Le virus risque de rester un long moment avec nous, et obligera donc les professionnels de l'immobilier, agences immobilières et promoteurs notamment, à travailler différemment sur le court et moyen terme, mais pas forcément à faire moins de transactions. Les Marocains auront toujours besoin de se loger !
Maintenant, si on parle de l'évolution de l'immobilier dans l'après-confinement (juin par exemple), il est très probable que l'information circule moins de manière présentielle et plus de manière électronique (envoi des plans, cahiers de charges, contrats etc. par email ou WhatsApp), et que les visites des appartements ou le notaire - élément indispensable pour faire une transaction - se fassent dans le respect des gestes barrières et des mesures de protection de la propagation du virus. Cette nouvelle manière de travailler ne devrait pas impacter le nombre de transactions, mais va forcément obliger les professionnels de l'immobilier à s'adapter à ce nouveau mode de travail.
5. Est-ce que cette crise peut davantage digitaliser l'industrie immobilière marocaine ?
C'est une évidence ! La crise actuelle va forcer le marché à travailler différemment et à pouvoir renseigner au maximum les personnes intéressées à distance, sans se rencontrer. Tous les outils d'aide à la vente (brochure, plan, contrats, photos, vidéos, visites virtuelles etc.) devront être digitalisés et facilement transmissibles par email ou WhatsApp. La visite réelle (avec l'application des gestes barrières) ne se produira qu'après un intérêt prononcé.
Par chance, au Maroc, ces solutions existent et sont éprouvées. Mubawab accompagne les professionnels de l'immobilier dans leur digitalisation et nous connaissons une croissance exponentielle sur ces dernières années. Nous continuerons de mettre tout notre know-how aux services des professionnels de l'immobilier ayant l'obligation d'accélérer leur digitalisation.