Dans un entretien à la MAP, le président du Groupement Professionnel des Prestataires de l’Evénementiel du Maroc GPPEM, Aziz Bouslamti, dresse un état des lieux du secteur et relate les actions entreprises par le groupement pour venir à bout de cette crise.
- D'abord, présentez-nous le GPPEM ?
Le GPPEM, Groupement Professionnel des Prestataires de l'Evénementiel du Maroc, est une association membre de la CGEM à travers la Fédération du Commerce et des Services (FCS). Il regroupe des agences, des prestataires, des freelances, établis soit en sociétés ou en auto-entrepreneurs, tous opérant dans l’écosystème de l’événementiel. Je tiens à préciser que le GPPEM, bien qu’il ne soit pas la seule organisation à défendre les intérêts du secteur, il en est l’instance associative majeure.
Regroupant des professionnels répartis sur l’ensemble du territoire national, le GPPEM s’assigne pour objectif de défendre les intérêts des prestataires de l’événementiel installés au Maroc et adhérents de l’association, le développement de leurs capacités professionnelles et en général mener toutes les activités juridiques, économiques et financières directement ou indirectement liées au domaine d’activité de l'association.
- Quelle est la taille du secteur et l’étendue réelle de l’écosystème qui en dépend ?
Il est difficile aujourd’hui d’avancer des chiffres, néanmoins, je peux vous donner une idée de la dimension économique du secteur, ou plutôt de l’écosystème.
Beaucoup pensent que l’écosystème se limite aux organisateurs d’événements de tous genres, alors que l’organisation d’un événement sollicite, entre autres, l’hôtellerie, les centres de conférence de tout genre, le transport aérien et terrestre, les loueurs de matériel roulant, les traiteurs, les sociétés de son…etc. L’ensemble de ces opérateurs se réunissent autour des agences événementielles qui s’occupent de la coordination de l’ensemble de ces métiers pour la réussite d’un événement.
Donc l’événementiel est plus un écosystème qu’un secteur, qui participe pleinement et activement à la promotion de l’emploi mais aussi des villes, car un événement c’est aussi une grande publicité promotionnelle pour les villes et, in fine, pour le pays.
Concernant la typologie des opérateurs, les Grandes Entreprises ne sont pas nombreuses dans le secteur. Ce sont plutôt les PME et les TPE qui représentent la majorité des intervenants.
- La pandémie de Covid-19 n'a épargné aucun secteur, à quel degré celui de Evénementiel est-il touché ?
Pour être précis, le secteur est à l’arrêt quasi-total. A part quelques opérateurs qui ont été sollicités durant cette crise pour participer à la mise en place de divers aménagements parfois gracieusement, la grande majorité des professionnels de l’événementiel est au chômage.
La baisse du chiffres d'affaires est significative car le gros de l’événementiel institutionnel, qui représente la grande partie des manifestations, se déroule avant le mois du ramadan, après ramadan et avant le 15 juillet et entre mi-septembre et mi-décembre. Si les prévisions faites au niveau mondial au sujet du Covid-19 s’avèrent justes, l’année sera quasi chômée pour notre secteur.
Le GPPEM est conscient de l’impact néfaste sur les PME et les TPE et, par ricochet, sur l’emploi. Nous recevons depuis quelques semaines déjà les doléances des professionnels, qui nous annoncent des perspectives hypothétiques.
- Comment avez-vous réagi dans l'immédiat ?
Tout d’abord, nous avons communiqué à la FCS les doléances des membres du GPPEM, qui ont été prises en considération par le comité mis en place par la CGEM. Nous informons aussi nos adhérents de toutes les mesures proposées par le Comité de veille économique (CVE) pour soutenir l’entreprise marocaine et nous les tenons au courant de toutes les possibilités qui s’offrent à eux pour soutenir leurs employés.
Nous avons aussi appelé les membres qui disposent de moyens financiers conséquents à être solidaires envers leurs employés, en continuant de verser les salaires le plus longtemps possible, et à soutenir leurs petits fournisseurs, en réglant les factures échues à ce jour.
D'une autre part, nous leur avons recommandé de revoir leurs modèles et leurs approches commerciales afin de changer de positionnement lors des prochains mois. Il s’agit de réfléchir à une nouvelle manière de faire de l’événementiel au moindre coût, sachant que l’organisation d’événements ne peut être une priorité, ni pour le public ni pour le privée, en période de crise.
- Comment se prépare le secteur de l'Evénementiel pour la période d'après Covid-19 ?
Nous mettons actuellement en place diverses commissions, dont une sera en charge de préparer l’après Covid-19.
Ces commissions devront réfléchir aux moyens d’atténuer les effets de la crise sur notre secteur alors qu’il n’est pas prioritaire, comme déjà expliqué. Il faut donc penser à revoir les structures, les investissements et les priorités en termes de management. Notre grande crainte, et elle est réelle, c’est le maintien de l’emploi pour des entreprises dont la trésorerie est déjà mise à mal.