Les 24 membres de ce groupe d’experts mondiaux indépendants avaient été nommés, en mars dernier, par la Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay. Parmi eux, l'universitaire marocaine, Fatima Roumate, Docteur en droit économique international et européen, professeure notamment de droit public à l'Université Mohammed V Agdal Rabat, et présidente de l'Institut International de la Recherche Scientifique, basé à Marrakech.
«Du 20 au 24 avril 2020, les experts ont participé à des discussions en ligne pour la première phase de préparation de l'instrument, conformément au mandat donné à l'UNESCO par ses 193 États membres lors de la 40e session de la Conférence générale en novembre 2019 », indique l’Unesco dans un communiqué.
Le groupe d'experts a discuté d'un ensemble initial de valeurs, de principes de base et d’actions politiques recommandées, ancré dans les valeurs éthiques universelles et les droits humains pour la conception, le développement et le déploiement de l'IA.
Les experts ont également souligné les préoccupations des pays à faible revenu. Ils ont, en outre, évoqué le bien-être des générations actuelles et futures, l'impact de l'IA sur l'environnement, ainsi que l’Agenda de développement durable pour 2030. D’autres questions ont été aussi soulevées par le groupe d’experts, notamment celles relatives aux préjugés de genre et autres, les inégalités entre et au sein des pays, et le fait de ne laisser personne pour compte.
L'Unesco va organiser, de mai à juillet prochains, de vastes consultations en ligne multipartites aux niveaux national, régional et international. "L'objectif de ces consultations sera de s'assurer que toutes les parties prenantes, y compris les scientifiques, la société civile et le public, participent à l'élaboration du premier instrument normatif mondial sur les dimensions éthiques de l'IA", indique l'Organisation, ajoutant que le groupe d'experts présentera ensuite un premier projet d'instrument normatif inclusif sur l'éthique de l'IA, qui sera examiné par les États membres de l'UNESCO lorsqu'ils rédigeront un texte final pour approbation en tant que Recommandation mondiale en novembre 2021.
«La pandémie COVID-19 nous a amenés à accroître notre utilisation de diverses technologies numériques. Cela a mis en évidence les défis éthiques existants liés au développement de l'intelligence artificielle. Il était donc important que le groupe d'experts commence ses travaux sur un projet d'instrument normatif », a souligné la Directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay
Récemment, le Comité international de bioéthique (CIB) de l'UNESCO et la Commission mondiale d'éthique des connaissances scientifiques et des technologies (COMEST), où siège une autre Marocaine, Amal El Fallah Seghrouchni, experte internationale en Intelligence Artificielle, avaient souligné, dans une Déclaration sur le COVID-19, que « les technologies numériques comme les téléphones portables, les médias sociaux et l'intelligence artificielle peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre les pandémies, en permettant de surveiller, d'anticiper et d'influencer la propagation de la maladie et le comportement des êtres humains ».
Toutefois, « il est d'une importance cruciale de s'assurer que les questions éthiques, sociales et politiques liées à l'utilisation de ces technologies soient traitées de manière adéquate. Les droits de l'homme devraient toujours être respectés, et les valeurs de vie privée et d'autonomie devraient être soigneusement équilibrées avec les valeurs de sûreté et de sécurité», avaient-ils recommandé.