Cette particularité s'explique principalement par le nombre et la diversité de la communauté musulmane établie dans ce pays européen, où les coutumes et différentes cultures sont mises en avant pour célébrer le mois sacré dans un esprit de haute spiritualité et de solidarité.
Le Ramadan de cette année, coïncidant avec les circonstances difficiles du coronavirus, n’a pas découragé la communauté musulmane à affiner les détails dans la préparation du mois sacré, entre l’achat d'habits et la préparation de mets succulents, outre la décoration des maisons, même en temps de confinement général, où les rencontres avec les membres de famille et les amis, les prières et l'Iftar collectifs sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.
C’est dans ce sens, que Hanifa, citoyenne bosniaque résidant depuis trente ans en Autriche, souligne dans une déclaration à la MAP que la manifestation des valeurs authentiques de l’Islam et les louanges à Dieu constituent les objectifs principaux et constants de ce mois sacré, qui ne seront pas affectés par la pandémie.
Elle a estimé que durant ce mois béni, les musulmans sont à la quête d'un équilibre spirituel, malgré la pandémie.
Cette épreuve, note Hanifa, qui travaille comme assistante sociale dans une maison de retraite, représente "une occasion de s'ouvrir sur une autre vision du monde et d'ouvrir nos cœurs au don".
L’émigrée bosnienne, mère de deux enfants, a relevé que la situation d'urgence liée à la pandémie a renforcé le caractère spécial du mois sacré à l'exception de l'absence de certains rituels collectifs, tels que la visite des proches, les rassemblements et les prières dans les mosquées.
Avec la même positivité, Ayaz, un étudiant turc en première année à la Faculté de médecine de Vienne, a souligné dans une déclaration à la MAP que ce mois de Ramadan est le premier qu'il observe loin de sa famille et qu’il coïncide avec les mesures de confinement liées à la pandémie de coronavirus, estimant que le mois sacré est une opportunité de se rapprocher davantage de Dieu, en faisant preuve de patience et en se conformant à l’urgence sanitaire, tout en se consacrant à l'accomplissement des prières et la lecture du Saint Coran.
Ayant rejoint une campagne organisée par des étudiants au profit des personnes âgées et à mobilité réduite dans le contexte de la pandémie, Ayaz a noté que la situation épidémiologique l’a incité à s’engager dans une initiative de solidarité, en particulier après l’arrêt des études dû aux mesures de lutte contre le Covid-19.
Évoquant le caractère «exceptionnel» du mois sacré, Aouatif, une marocaine résidant en Autriche, affirme, pour sa part, qu’elle a, durant ses douze années d’expatriation, toujours accueilli le Ramadan avec beaucoup d’enthousiasme et avec la volonté de créer une atmosphère spéciale pour célébrer ce mois béni dans le respect des traditions et des coutumes.
Cette mère de deux enfants se dit nostalgique de l’atmosphère joyeuse qui rythmait le Ramadan hors pandémie de coronavirus, marqué par des Iftars collectifs avec une gastronomie variée issue de plusieurs pays islamiques et une atmosphère multiculturelle, outre l’opportunité d’éducation des enfants aux rituels religieux spécifiques au mois sacré.
Elle se remémore des nombreuses réunions familiales durant les mois de Ramadan observés en Autriche et de l’atmosphère chaleureuse dans les maisons des marocains résidant dans ce pays lors du mois sacré, regrettant l’absence cette année de sa mère, restée au Maroc suite à la fermeture des frontières à cause de la pandémie de coronavirus.
Conformément à cette urgence sanitaire sans précédent, l'Autorité islamique d'Autriche a tenu à informer les membres de la communauté musulmane des mesures officielles liées aux rituels religieux, en particulier après la suspension depuis près d’un mois, de la fréquentation des lieux de culte, et aux conditions de levée de la suspension après le déconfinement progressif en vigueur dans le pays.
Le président de l'Autorité, Umit Vural, a souligné dans un message qu’«il est vrai que la suspension des prières collectives et la restriction de l’Iftar au petit cercle familial représentent un changement important dans nos rituels habituels pendant le mois de jeûne, mais il est important dans la situation actuelle de convertir nos maisons en lieux de prière et de récitation du Saint Coran".
M. Vural a souligné que grâce aux technologies peu coûteuses, les musulmans d’Autriche pourront se retrouver et adhérer aux initiatives diverses visant à soutenir les efforts gouvernementaux pour la protection de la santé publique.
Le Centre islamique de Vienne a pris, pour sa part, une série de mesures pour s'adapter à l'évolution de la crise sanitaire, notamment en assurant la diffusion des prières des Tarawih et la prière du Vendredi directement via son site Internet et sa page Facebook, et en offrant des cours quotidiens sur l'interprétation et la récitation du Saint Coran en langue allemande.