Le pays prépare la levée graduelle des premières restrictions et une sortie progressive de l'état d'urgence, à partir du 3 mai prochain, une mesure exceptionnelle qui n'a pas été décrétée depuis la fin de la dictature et l'avènement de la démocratie en 1974.
Le gouvernement socialiste entend en effet enclencher un déconfinement graduel à partir du mois prochain, en commençant d'abord par la réouverture d'écoles, d'universités et d'instituts polytechniques, des commerces de proximité et de certaines administrations, toujours dans le respect des règles d'hygiène sanitaire et de distanciation sociale.
Les restrictions sur le confinement des Portugais commenceront à être levées en mai et juin, progressivement et tous les 15 jours, le temps jugé nécessaire pour évaluer l'impact de chaque nouvelle levée des mesures.
Le Premier ministre Antonio Costa a fait part de son intention d'annoncer le calendrier et le programme d'un déconfinement progressif, et un plan de relance économique, lors du Conseil des ministres prévu jeudi.
Il a émis le souhait que la situation sanitaire permette au mois de mai de lever les restrictions d'un ensemble d'activités liées au système éducatif, aux activités commerciales et de restauration et aux activités culturelles.
M. Costa avait déclaré à la presse qu'il comptait assouplir les mesures de restrictions dans les écoles, les magasins, les restaurants et les espaces culturels à partir de mai, mais une telle démarche nécessiterait, selon lui, de nouvelles règles pour assurer la sécurité des personnes.
Son plan de déconfinement devrait toutefois limiter le nombre de personnes se rendant sur les plages du pays qui sont fortement fréquentées en période estivale.
Ce virus n'hiberne pas en été, a expliqué M. Costa, notant que les rassemblements de masse ne seront pas autorisés et que les municipalités devront prendre les mesures nécessaires pour que les estivants puissent se rendre à la plage sans surpopulation.
Lisbonne va donc amorcer un retour graduel à l'activité après un mois et demi de confinement. "Il s'agit de réactiver sans perdre le contrôle", explique le Premier ministre.
Il a fait savoir que le pays ne peut pas vivre "de manière permanente dans la situation actuelle de fermeture", mais, d'autre part, il ne pourra pas revenir à la normale tant qu'il n'y aura pas de vaccin, en prévoyant des ajustements au jour le jour pour une transition échelonnée.
"Nous avons une longue période devant nous pendant laquelle, même sans état d'urgence, nous devrons maintenir des normes d'hygiène, des règles de distanciation, de restriction et de limitation de la circulation", a dit le chef de l'exécutif.
"Si la première phase devait contenir la pandémie sans tuer l'économie, la deuxième phase serait de relancer l'économie sans perdre le contrôle de la pandémie", a-t-il insisté.
Le Portugal semble mieux résister jusque-là face à cette crise sanitaire mondiale qu'un grand nombre de pays européens, et bien gérer cette situation, depuis l'apparition des premiers cas du nouveau coronavirus, à travers les différentes mesures prises pour y faire face.
Depuis le début de la pandémie, ce pays fait figure d'exception parmi plusieurs autres Etats européens, car il a été plus rapide à prendre une série de mesures pour lutter contre le covid-19.
Concrètement, le Portugal avait suspendu les événements sportifs et culturels deux jours après la contamination de 50 personnes, alors qu'il ne comptait encore aucun mort, contrairement à d'autres pays.
Les écoles ont été fermées quatre jours après la détection des 50 premiers cas du covid-19, les mesures de restriction au niveau des transports ont été décidées après sept jours de l'apparition des premiers cas d'infection, et les services non essentiels ont été suspendus.
Si le Portugal s’en sort mieux en ces temps de pandémie, c’est simplement le fruit de "l’important sacrifice, de la solidarité ou encore de la discipline" des Portugais, selon le président Marcelo Rebelo de Sousa qui réfute toutefois le terme de "miracle" face au nouveau coronavirus employé à l’étranger.
"S'il s'agit d'un miracle, comme on dit à l’étranger, alors nous, peuple portugais, sommes un miracle vivant depuis bientôt neuf siècles. Si ceci est un miracle, ce miracle s’appelle le Portugal".
Même s'il est trop tôt pour savoir si le pays a gagné la bataille, il fait figure d'exception en Europe. Il a réussi jusqu'ici à limiter le nombre de contagions avec moins de 25.000 cas et un peu plus de 900 morts pour une population de quelque 10,5 millions d'habitants.