Cette coïncidence a bien évidemment engendré des phénomènes et de nouveaux comportements sociaux renforcés de plus en plus, dont une participation plus importante de l'homme aux tâches ménagères ainsi que sa contribution à la préparation de la table ramadanesque, une mission tant liée par la mentalité masculine aux femmes.
Plusieurs témoignages d'époux et d'épouses recueillies par la MAP reflètent cette orientation ou donnée sociale et culturelle, dictée ou renforcée à l'ère du confinement.
Pour Mohammed, fonctionnaire, aider sa femme est devenue une affaire courante et normale, notamment avec le travail des époux. "Grâce au confinement, j'ai aidé ma conjointe pour la première fois à préparer le "sfouf", en plus d'autres gâteaux que j'ai confectionne pour mes filles, afin d'éviter qu'elles sortent les acheter, et par conséquent leur éviter le risque de contamination par le nouveau coronavirus", dit-il d'un ton confiant.
De son côté, El Yazid, salarié dans une entreprise, assure qu'il est habitué à aider sa femme dans les travaux ménagères depuis plusieurs années, insistant sur le fait que les tâches ménagères sont la responsabilité commune des époux. "La fréquence de ma participation aux travaux domestiques s'est multipliée pendant le confinement, ce qui est positif", a-t-il ajouté.
D'autre part, quelques témoignages ont mis en relief le côté psychologique de l'avènement de Ramadan pendant la période du confinement. Tel est le cas pour Youness, chauffeur de taxi, qui s'est dit moins attiré par les travaux domestiques par rapport aux fonctionnaires, vu que les chauffeurs de taxi ont cessé de travailler pendant cette période, et du coup ont perdu leur revenu.
Par contre, les fonctionnaires gardent toujours leur revenu malgré le confinement, "l'aspect psychologique est très important dans ce cas", a-t-il fait savoir.
Pour leur part, la majorité des femmes ont confirmé l'idée que le confinement a renforcé la participation des hommes aux travaux domestiques. Dans ce contexte, Safae, cadre dans une agence bancaire à Casablanca, affirme que son partenaire est déjà amoureux de la cuisine, ajoutant que la contribution de son mari en cuisine s'est renforcée plus durant la période du confinement.
Pour Fouzia, avocate, la participation de son mari aux travaux domestiques date du pré-confinement, "mon mari a pu accomplir de nouvelles choses auxquelles il n'était pas habitué, grâce au confinement, notamment la préparation des plats ramadanesques", a-t-elle ajouté.
"L'adhésion de l'homme aux travaux domestiques n'est pas le résultat des mesures dictées par le coronavirus et du confinement, mais résulte des différentes mutations sociale et culturelle que la société marocaine a connues à plusieurs niveaux, et depuis plusieurs années", a fait valoir l'enseignant chercheur en sociologie à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Salé, Ali Chaabani.
M. Chaabani a également rappelé que le travail de la femme marocaine à l'extérieur de son foyer aux côtés de l'homme est l'un des aspects importants reflétant les mutations sociales survenues aussi bien au Maroc que dans tous les pays du globe.
L'enseignant chercheur a, en outre, indiqué que plusieurs études et recherches sociologiques ont mis en lumière le phénomène de l'adhésion des hommes aux travaux domestiques avec leurs femmes, insistant que la pandémie du coronavirus et le confinement ne sont qu'une période qui vient confirmer cette réalité sociale.
L'avènement du mois de Ramadan à l'ère du coronavirus et l'état d'urgence sanitaire décrété au Royaume dévoile plusieurs phénomènes sociaux et culturels, et remet au premier plan nombre de sujets et de questions délicates, dont la participation des hommes aux tâches ménagères et ses dimensions humaniste, sociale, religieuse profondes touchant des affaires d'actualité essentielles, notamment les questions du genre social et de l'égalité entre les sexes.