Durant ce Ramadan "sans rassemblement", la communauté musulmane tente de s'organiser pour garder l’esprit de partage, de solidarité et de générosité qui marquent ce mois béni.
Les Ghanéens de confession musulmane se mobilisent, ainsi, pour aider les familles les plus démunies, en procédant à la distribution de repas de rupture du jeûne ou de paniers de denrées alimentaires, en signe de solidarité et de générosité envers ces catégories vulnérables.
"Nous respecterons la tradition. Des repas et paniers seront distribués dans les mosquées pour les personnes qui n'ont pas les moyens, tout en respectant les protocoles de distance sociale et le port des masques", a affirmé Sheikh Abdulmalik, imam à Accra.
"Au Ghana, la Mosquée, cette Maison d’Allah, n’est pas juste un lieu de culte, mais aussi un centre de partage et de solidarité", a fait remarquer Sheikh Abdulmalik.
Mais les chamboulements seront là, inévitables et évidents. Cette année, les fidèles seront également privés de la prière collective d'"El Ichaa" et des "Tarawih", un moment de purification de l’âme et du corps.
Pour pallier à cette situation qui pèse sur l’esprit des Ghanéens, l'Imam en chef du Ghana, Sheikh Osmanu Nuhu Sharubutu, a proposé au président Ghanéen, Nana Akufo Addo, de diffuser en direct à la télévision la prière et le Dikr.
"Les fidèles musulmans pourront suivre des prêches et autres activités de prédication en lien avec le Ramadan dans les médias, notamment à la radio et sur des chaînes de télévision locales", a indiqué l'Imam en chef.
L’Iftar, la rupture du jeûne, sera également à l’épreuve durant ce Ramadan. Les ghanéens, habitués à manger ensemble dans les mosquées ou en famille et entre voisins, ne pourront pas le faire.
"D’habitude, je rejoins ma famille en village pour passer le Ramadan ensemble et profiter du repas en famille, surtout du Fufu de ma mère, une sorte de gnocchi géant accompagnant un ragoût aromatique", a confié à la MAP, Abubakar.
"La joie de s’asseoir autour d’un bol de Fufu alléchant accompagné d’une soupe est un plaisir inégalable, surtout s’il est partagé avec la famille", a expliqué Abubakar, originaire du Nord du Ghana.
"Mais avec la fermeture des frontières entre régions, je suis obligé de rester à Accra, là où je travaille, et passer le Ramadan seul", a-t-il dit avec regret, émettant le vœu de pouvoir au moins passer Aid Al Fitr en famille.
Le gouvernement ghanéen, qui a misé sur sa capacité de test et d’isolement, joue la carte de l’apaisement des esprits avec la levée du confinement partiel, tout en maintenant l’interdiction des rassemblements publics et la fermeture des mosquées.
Toutefois, l’utilisation des masques de protection et le respect de la distanciation conformément aux protocoles de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), restent nécessaires, surtout que le nombre des cas de contamination ne cessent d’augmenter en flèche.
Le Ghana a enregistré jusqu’à maintenant 1.279 cas de Coronavirus, dont 134 guéris et 10 décès.