La tâche n’est pas du tout aisée, mais le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez bouscule plusieurs hypothèses pour sortir de cette situation compromise avec le minimum de dégâts. Parmi les possibilités envisagées figure celle de faire des Iles Canaries un « laboratoire » de déconfinement pour tirer des leçons et mener à bien des mesures adéquates dans les autres communautés espagnoles frappées par le virus.
Plusieurs membres du gouvernement central ont suggéré, de manière implicite ou explicite, de mettre en place un plan préliminaire pour la levée des restrictions aux Canaries en raison de la hausse modérée des cas de contamination au Covid-19, près de 2.205 depuis l’apparition du 1er cas à La Gomera fin février, et le rythme accéléré des rétablissements (1.131). En plus, trois sur huit îles n’enregistrent aucun cas actif du nouveau coronavirus. Il s’agit de La Gomera, où il a été enregistré le premier cas de coronavirus en Espagne, La Graciosa et El Hierro.
L’objectif est de tester l’efficacité de ces mesures sur l’archipel avant de les généraliser sur l’ensemble du territoire espagnol.
Cette idée n’a pas recueilli du consensus auprès du gouvernement régional canarien, présidé par Angel Torres, qui voit dans cette mesure un risque sur la population locale.
"Malgré les chiffres encourageants, les Iles Canaries ne seront pas un laboratoire pour évaluer l’efficacité des mesures d’assouplissement. Nous ne serons pas un terrain d’expérimentation du déconfinement". C’est avec cette prise de position catégorique que le vice-président canarien, Roman Rodriguez, a fermé la porte devant la stratégie du gouvernement central.
"Déconfiner en premier lieu les Canaries n'a pour l'instant aucun fondement technique ni scientifique. Nous allons suivre l’évolution du virus, mais nous devons être prudents et rigoureux", a relevé le responsable régional, assurant que plusieurs scénarii sont sur la table "mais la décision ne sera pas politique, sinon technique et scientifique".
Dans ce sillage, M. Rodriguez a souligné que les Canaries sont favorables à un plan global pour l’ensemble du territoire espagnol, tout en respectant les spécificités de chaque communauté autonome. "Bien évidemment, nous sommes mieux lotis que d'autres communautés et des décisions peuvent être prises pour rendre le confinement plus flexible, mais dans le cadre d’une vision globale ciblant l’ensemble du territoire", a-t-il martelé.
Dans la même lignée, le Comité interministériel de gestion des urgences sanitaires, a exclu que l'archipel devienne le théâtre de tests ou d'expérimentations en ce qui concerne le processus de déconfinement. En plus, le Comité, organe consultatif du gouvernement régional, a établi qu'aucune décision ne serait prise sans tenir compte des garanties sanitaires maximales.
La position du gouvernement régional est soutenue par les partis de l’opposition et les organisations de la société civile ayant exprimé, à travers plusieurs plateformes, leur rejet à tout projet portant atteinte à la santé de la population.
Des pétitions même ont été lancées sur les réseaux sociaux et le portail "change.org" pour recueillir des signatures contre la proposition du gouvernement de Madrid.
Fort de son taux d’infection le plus bas parmi les régions espagnoles (102 cas sur 100.000 habitants), l’archipel canarien se montre implacable pour protéger ses acquis et éviter tout rebond de la pandémie mortelle.