Parties de football ou jogging en bord de mer à quelques minutes d’Iftar, rupture collective du jeûne, prières de tarawih, rencontres nocturnes sur les terrasses des cafés de la capitale pour discuter ou jouer aux cartes, échange de visites entre amis et familles, sont autant d’habitudes qui marquaient, depuis toujours, le Ramadan de Libreville.
Or, l’année 2020, Covid-19 oblige, la communauté musulmane doit s’accommoder avec l’état d’urgence sanitaire en ce mois béni et se confiner chez elle conformément aux mesures de prévention édictées par les autorités du pays.
Cet invité lourd et indésirable qui a sévi à travers le monde faisant des milliers de morts et causant des pertes économiques se chiffrant à des milliards d’euros, a fait son apparition dans ce pays d’Afrique centrale d’à peine 2 millions d’habitants début mars.
Depuis lors, le quotidien des librevillois n’est plus le même et pour cause les contraintes liées aux mesures prises par les autorités gabonaises, à l’instar des pays du globe. Le but étant d’éviter d’atteindre un nombre de contamination record et d’épargner au pays une situation sanitaire intenable.
Ainsi, les autorités ont édicté, entre autres mesures, le couvre-feu nocturne, l’interdiction des rassemblements et la fermeture des frontières, écoles, lieux de cultes et restaurants, outre le port obligatoire du masque.
Contraignantes en temps normal, ces mesures le deviennent plus en ce mois sacré où le rassemblement pour tant de raisons est le mot d’ordre. Pratiquer le sport, prier, partager un repas, échanger, tout se fait en groupe pendant le Ramadan.
Rester chez soi, oui, mais la vie continue et chacun trouve une parade cadrant avec ses centres d’intérêt.
A cet effet, les adeptes du sport optent désormais pour la marche ou le jogging individuel, selon l’espace disponible, autour de leurs maisons ou quartiers, au moment où les fans des sorties nocturnes jettent leur dévolu sur les programmes concoctés par les chaines TV en ce mois sacré ou les jeux et émissions qui fleurissent sur internet.
S’agissant de l’aspect spirituel, les membres de la communauté marocaine, qui font preuve d’un grand sens de responsabilité en cette période de crise sanitaire, regrettent le plus la prière de Tarawih dans la mosquée Hassan II, un joyeux architectural édifié au centre de la capitale gabonaise.
Ils se rappellent avec nostalgie les veillées religieuses et les prières dirigées par les imams marocains, dépêchés en ce mois sacré par le ministère des Habous et des Affaires islamiques dans le cadre de la politique clairvoyante de SM le Roi Mohammed VI visant la promotion des valeurs de modération et de juste milieu de l’Islam tolérant.
Idem pour les autres membres de la communauté musulmane au Gabon, pour qui, la prière collective, était l’occasion idoine pour mieux découvrir les coutumes et us de chaque pays et les spécificités inhérentes à l’histoire de chaque société.
En croyants qu’ils sont, les membres de la communauté musulmane, convaincus de la nécessité de ces mesures pour préserver la vie humaine, se consolent avec la prière à domicile.
Ils invitent, à cet égard, l’ensemble des citoyens notamment les musulmans en ce mois de ramadan à respecter les mesures barrières en se référant au verset 195 de sourate Al-Baqarah : "Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction".
Crise sanitaire, oui, mais Ramadan, mois de piété et de recueillement, a été et restera toujours un moment unique. Animés de cet esprit, les musulmans au Gabon tentent, autant que faire se peut, en cette conjoncture exceptionnelle, de le vivre avec optimisme nourrissant un grand espoir de voir cette pandémie s’estomper dans les plus brefs délais.