Ce confinement préconise une nouvelle façon d’embrasser notre manière de vivre telle une renaissance, pour se laisser prendre dans les filets d’un rêve de nature, adulé par toute une génération devenue citadine, parfois malgré elle…
Durant cette période, chacun devient attentif à l'environnement qui l’entoure, car le confinement peut aussi éveiller l’être humain à la nature, pourtant déjà présente.
C’est la voie empruntée par le docteur Hakam Tazi, qui a troqué sa vie citadine contre une plus sobre, prônant un retour à l'essentiel.
“Ma retraite était un soulagement pour faire ce dont j’ai envie, c’est comme ça que j’ai franchi le pas et décidé de ne pas rester caché, cloîtré, dans une maison entre quatre murs, a confié à la MAP M. Tazi.
“Du haut de mes 15 ans, au fond de la ville de Fès, je rêvais d’avoir une vache et une poule entourée de ses poussins”, a-t-il ajouté.
C’est ainsi que naquit l’idée d’une “ferme pédagogique”. Ce projet a pris 20 ans pour être mis au point, a déclaré ce septuagénaire natif de Fès.
Nourri par une collection de souvenirs trouvés dans des bazars et souks des villes marocaines dont Amgroud, Erfoud, Rissani et bien sûr Fès, la ferme pédagogique d’Ain Aouda, qui s’étale sur 15 hectares, se veut un concentré de connaissance scientifique et historique à découvrir, avec des moulins manuels d’Amlou, du matériel agricole traditionnel, un bassin d’eau pour les canards, réalisé avec les restes de chute de marbres, des oeufs beldi et surtout un espace diversifié de fleurs et d’arbres, dont des hibiscus, de la menthe, la lavande, la verveine, les coquelicots, le bougainvilléa, le lierre grimpant.
Exprimant son engouement pour sa ferme, source de bien-être et sa disposition à partager ce verger paradisiaque avec les gens, cet aficionado de la nature déclare, “ Je vis dans ça, c’est ma vie, certes le confinement ne me pèse pas mais il est peut-être temps d’entamer un déconfinement progressif et en silence”.
Durant le mois sacré de Ramadan, qui est un moment de sérénité et de paix, ce lieu naturel procure un retour à l’essentiel qui nourrit l’âme et le corps avec des aliments bio à 100%, à la disposition de toute personne et qui n’est nullement à vendre, a-t-il ajouté.
C’est une invitation à la redécouverte de l’enfance joviale, curieuse mais étouffée par les responsabilités de l’âge adulte.
Durant ces temps de confinement, je me sens soulagé d’avoir une ferme, et heureusement d’ailleurs, a déclaré le docteur. “Je fais ma marche à pied au milieu de cette nature, je ne me considère nullement confiné”.
Témoin de ce changement et conscient de l’importance centrale de la nature dans la vie humaine, en tant que scientifique et amateur de nature, le docteur Tazi a su redonner parole à l’émotion et aux souvenirs de jeunesse, sillonnant sa ferme d’Ain Aouda (aux alentours de Rabat) muni de sa caméra et partageant un bout de son paradis terrestre sur les réseaux sociaux.
Ses vidéos permettent aux gens confinés de s’évader pour un instant à la vue d’une nature qui se renouvelle sans cesse. “Je cherche à être une personne très positive, j’aime partager mes plaisirs et servir mon prochain”, a indiqué M. Tazi.
Des ruches d’abeilles, au musée de fleurs et du cuivre, de la découverte de l’histoire de l’agriculture au Maroc et des bienfaits des écorces et des feuilles du mûrier, le doyen de la ferme joue si bien le jeu de l’exaltation qu’on croirait parfois sentir les odeurs de ses jardins se glisser de nos écrans.
Maniant les mots avec aisance, M. Tazi raconte son réveil loin des brouhahas de la ville au milieu d’un havre de paix, accessible à l’humanité.
“Je n’ai fait aucun péché!!! j’ai juste pris mon temps sous un pêcher pour contempler la beauté de mon jardin plein de pêchers!!!”, ironise-t-il sur sa page.
“Le retour au territoire”, telle est la devise de cet amoureux de la nature, alors que la tolérance et la positivité sont maîtres mots dans ses séquences vidéo. Il remémore ses souvenirs de jeunesse passée à la médina de Fès.
Il évoque à travers ses enregistrements son enfance, dans les ruelles de la médina de Fès, ce labyrinthe gustatif et sensoriel, à la recherche des mûriers et de ses feuilles pour nourrir les chenilles dans l’espoir de recueillir la soie. Un espoir qui restera gravé dans sa mémoire.
Nombreuses sont les personnes d'ores et déjà touchées par les événements de la pandémie du Covid-19. Cependant une chose est sûre, l’amour de la nature sera un salut pour bien des âmes.