"La crise que nous traversons, aujourd'hui, et notamment le recours à des outils numériques pour la mise en place de certaines mesures sociales, nous rappelle à quel point la société marocaine s’est appropriée le recours à ces outils intangibles qui occupent une part entière dans notre routine quotidienne", relève M. El Jai, dans un article publié par le think-tank marocain PCNS dans la rubrique "Opinion" sous le titre : "Le Maroc post-Covid-19 : croquer la mondialisation à pleines dents".
Il fait observer que le citoyen marocain est physiquement au Maroc et virtuellement en Europe, en Asie et ailleurs, notant toutefois que généraliser cette situation reviendrait à occulter les inégalités d’accès au numérique qui subsistent aujourd’hui encore.
Pour l'auteur de l'article, "la capacité de digitalisation de plein de services publics affichée pendant cette crise est très parlante quant à notre aptitude à l’incorporer dans l’administration publique". Toutefois, il convient selon lui de "repenser notre manière d’investir" et d’inviter les entités privées à participer à l’augmentation de l’offre digitale et la "démocratisation" de l’accès au numérique.
L'économiste explique dans ce sens qu'"une réorganisation de l’investissement public, à travers un ciblage de l’infrastructure de base dans les régions relativement moins dotées, permettra de dégager une manne financière pour lancer le chantier de l’infrastructure avancée par ailleurs".
"Cette première étape nous permettra d’engranger une expertise et de faciliter l’équipement du territoire national", relève M. El Jai, ajoutant que cela prédispose à la fois les cercles universitaires, les centres de recherches et le secteur privé à collaborer pour implémenter des solutions innovantes, à la fois au Maroc et à l’international.
Sur le plan économique, l'économiste marocain pense qu'au niveau domestique, le renforcement de notre structure productive, l’investissement dans les compétences et la mise en valeur des secteurs échangeables et l’investissement "massif" dans la R&D, pour gagner en sophistication des produits exportés, sont autant de conditions pour une libéralisation commerciale "réussie".
De surcroît, M. El Jai note que selon la Banque mondiale, la stratégie du Maroc de promouvoir les exports à travers les zones franches peut, certes, donner des bons résultats mais prévient le développement d’un tissu de PME exportatrices.
"L’idée étant que, pour qu’une firme puisse s’aventurer sur le marché des exports, elle doit disposer des bonnes incitations, aussi bien ex ante qu'ex post", fait-il observer.
Plus loin, l'auteur de l'article évoque la place de l'économie marocaine en Afrique, soulignant à cet effet que la stratégie d’ouverture du Maroc a "consolidé" la position du pays comme un acteur économique "majeur" à l’échelle continentale.
Il constate en même temps que la structure de son commerce intra-régional est de plus en plus "diversifiée" et que ses investissements directs à l'étranger (IDE) sont principalement "concentrés" dans la partie Ouest du continent, et sont portés principalement par les secteurs bancaire et Télécom.
Par ailleurs, M. El Jai estime que le Maroc "gagnerait" à davantage "diversifier" à la fois la destination de ses investissements mais également leur nature, assurant que l’expertise développée en matière d’infrastructure de base pourrait être mise à la disposition de nos voisins africains pour la mise en place d’une infrastructure régionale à même de générer des gains pour tous.
Et d'ajouter que les discussions menées sous l’égide de l’Union africaine (UA) pour la coordination des ripostes contre le Covid-19 ont montré "l’importance" que revêt la coopération multilatérale pour le bien commun.
Au-delà de l’aspect économique et financier, l’Afrique doit mettre en commun ses moyens pour investir dans des initiatives communes de recherche, en sciences fondamentales et sciences sociales, estime-t-il, faisant savoir que la production d’une recherche africaine doit permettre d’insuffler un second souffle au débat sur l’avenir de l’Afrique et donner au continent droit au chapitre dans les changements de l’ordre global.