La journée de l’Europe fêtée le 9 mai de chaque année célèbre la date anniversaire de la «déclaration Schuman», considérée comme l'acte fondateur de ce qui constitue aujourd'hui l'Union européenne.
Mais cette année, le temps n’est pas à la fête, quand on sait que le seuil des 140.000 décès en Europe dus au Covid-19 sera franchi ce week-end.
La journée de l’Europe sera donc un événement 100 % d’expression de la solidarité. De nombreux événements virtuels seront organisés autour de cette thématique pour rappeler que la crise du Coronavirus est venue accentuer les divisions au sein de l’Union européenne, doublée d’une défiance à l’égard de certains Etats membres et de leurs dirigeants. Pour les Européens, cette crise est venue aussi rappeler que la gestion de la pandémie a entraîné de vrais séismes dans le fonctionnement des États, où chacun y est allé de sa propre solution, en l’absence d’une politique de santé communautaire coordonnée, efficace et facilement mobilisable.
Pour les observateurs, même s’il faut se réjouir des décisions politiques et économiques prises pour gérer au mieux la situation, on ne peut ignorer qu’il y a eu de graves lacunes au début de la crise qui auraient pu être évitées si les pays avaient fait preuve de solidarité et d’unité dans l’action.
Fermetures de frontières intérieures, cafouillage généralisé autour d’équipements de protection (masques, gel hydroalcoolique) et manque de solidarité et de coordination, c’était la politique de chacun pour soi au début de la crise que les Européens ne sont pas prêts à oublier, puisque des appels à la reddition des comptes pointent déjà à l’horizon dans de nombreux Etats membres.
Au milieu d’une tempête de critiques, l’Europe essaie vaille que vaille de se relever pour retrouver cet esprit européen que Robert Schuman et Jean Monnet prônaient et pour rappeler aux populistes et aux eurosceptiques que cette gestion malheureuse de la crise ne doit pas remettre en cause l’idéal européen.
Dans une lettre ouverte intitulée « l’Europe de demain », des chefs d’Etat, des universitaires et des acteurs politiques, dont l’ancien président français, Valéry Giscard d’Estaing, ont appelé les dirigeants européens à faire preuve de courage et d’ambition.
«La solidarité étant la clé de voûte de notre Union, elle doit jouer encore plus dans les moments de crise qu’en temps normal, car c’est alors que l’on vérifiera qu’elle n’est pas lettre morte. En tant qu’Européens, nous ne sommes pas dans un jeu à somme nulle ; nous gagnerons ou perdrons ensemble », écrivent les signataires de cette lettre ouverte.
Ils appellent à saisir l’occasion pour « réinventer une organisation économique et sociale plus juste, plus durable et résistante ».
La gestion de la crise actuelle, si violente soit elle, ne doit pas faire oublier à l’Europe sa responsabilité dans d’autres crises, notamment celle de la migration et d’asile.
Là encore une Europe citoyenne, responsable et solidaire est attendue. C’est aussi une Europe qui perçoit son voisinage sud comme une solution pour son avenir, un bol d’air pour son épanouissement et non comme une menace.
La politique africaine de l’Union européenne est à cet égard un élément clé dans sa nouvelle vocation internationale.
La gestion exemplaire de certains pays africains de la crise du coronavirus devra donner à l’Europe matière à réfléchir sur ses partenariats futurs, sur sa manière de hiérarchiser ses priorités de codéveloppement et de repenser sa politique de voisinage et d’élargissement.