"Une menace réelle commence à peser de tout son poids sur les entreprises des métiers de bouche, en particulier les PME et TPE, et même les secteurs de la pâtisserie et de la boulangerie connaissent, contrairement à ce que l’on pourrait penser, une chute drastique de leur chiffre d’affaires, évaluée pour l’instant à 50%", indique la CMMB dans un communiqué.
"On constate, en effet, une déroute totale, néanmoins avec maintien d’espoir, chez les fédérations et associations membres de la Confédération, qui n’a pas attendu longtemps pour tirer la sonnette d’alarme sur les incidences ressenties à plusieurs niveaux : business, social et fiscal", ajoute le communiqué.
"Ayant joué le jeu dans la lutte contre la pandémie en se tenant aux instructions de l’Etat, les acteurs du secteur sont dans l’expectative face au manque de visibilité d’une stratégie définie pour la reprise après déconfinement, sachant que les pertes en chiffre d’affaires annuel s’élèvent à 50% à fin mai", selon le président de la CMMB, Mohammed Rahal, expliquant que "les craintes sont plus alarmantes si l’arrêt d’activité continue jusqu’à fin juin, avec un handicap avoisinant les 70% en chiffre d’affaires et une perte minimale d’emploi estimée à 40% avec baisse de rideau pour près de 20% des points de vente".
Même son de cloche pour les traiteurs, cafés, glaciers, restaurants et enseignes commerciales qui sont "dans une situation alarmante avec un scénario plus catastrophique", poursuit M. Rahal cité dans le communiqué, notant qu'en plus de "l’état de no mans land événementiel" observé chez les traiteurs depuis l’annonce de la pandémie, ce sont près de 25% des PME qui risquent de ne plus ouvrir, ne pouvant faire face aux charges fixes comme les loyers, autre épée de Damoclès sur la tête des opérateurs du secteur.
"Le paiement du loyer demeure une contrainte majeure qui se pose au secteur, sans parler du manque d’adaptation au contexte pandémique consistant, en toute logique dans pareilles circonstances, en l’assouplissement des procédures administratives et bancaires, tel Damane Oxyène, formule qui quoique garantie par l’Etat, les banques continuent à demander des cautions, etc", relève-t-il.
Pour lui, ce contexte difficile exige des solutions immédiates. "Pour nous permettre de continuer nos activités, d’éviter le licenciement involontaire de dizaines de milliers de collaborateurs et de simplement nous en sortir, nous proposons, après déconfinement, la reprise imminente des livraisons, emporter et drive, avec la perspective d’étendre ces services en commun accord avec les autorités compétentes dans un respect totales des instructions d’hygiène sanitaire", suggère-t-il.
Selon M. Rahal, la CMMB est prête à réactiver la machine dans de bonnes conditions d’hygiène, sachant qu’elle est en phase de réalisation très prochaine d’un guide de procédure d’hygiène et de bonne conduite à l’attention de toutes ses entreprises membres et à l'ensemble des professionnels du secteur.
En toute évidence, l’ouverture des cafés, glaciers, restaurants et franchises pour l’emporter semble légitime, comme les commerces d’alimentation qui demeurent tout aussi ouverts, poursuit-il, notant que cette approche de la Confédération s’inscrit dans la vision de partenariat inclusif avec l’Etat, approche gagnant-gagnant qui permettrait, également, d’alléger la charge du Gouvernement de paiement des salariés du secteur à l’arrêt, affiliés à la CNSS.
A cet égard, la CMMB préconise, d’abord, l’annulation des loyers des commerces fermés ainsi que de la flexibilité dans les conditions d’octroi des crédits Damane Oxygène dotés de taux d’intérêt entre 0 et 2% pour le court terme et de 2 à 3% pour le moyen terme, comme le programme Intelaka, avec cependant un relèvement de la quote-part des fournisseurs de 50 à 80%.
En même temps, d’après M. Rahal, les enseignes de restauration espèrent pouvoir être autorisées, au lendemain du déconfinement, à assurer leurs livraisons, drive et ventes à emporter, tout en respectant les règles strictes d’hygiène dans le processus de production et de distribution, en convenant avec les autorités sanitaires d’un référentiel qualité-hygiène que tous les prestataires entendent respecter à la lettre.
Cependant, fait-il observer, le retour d’activité des entreprises du secteur ne sera pas aisé au niveau des employés. "Il faut s’attendre à un accompagnement et coaching soutenu des employés après sortie de confinement, vu les séquelles psychologiques d’arrêt d’activités post pandémie. C’est une autre paire de manche qui nous attend et à laquelle nous sommes appelés à faire face après la reprise", explique-t-il.
"N’empêche que la Confédération demeure pleine d’espoir quant à la compréhension de la situation des opérateurs du secteur pour prendre les décisions qui s’imposent afin d’assurer une bonne relance et garantir la préservation de l’emploi", conclut le président de la CMMB.