Dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion de ce mois béni, le professeur Boulâmane a relevé que dans la finalité de tirer certains enseignements de cette école, il convient de s’arrêter sur certains aspects qui traduisent l’importance du jeûne en termes de protection et de préservation, dans le sens où il constitue un "bouclier" contre les péchés ou le feu (de l’enfer).
Il a expliqué que le jeûne enseigne et forme les individus à certaines valeurs, comme c’est le cas dans le reste des rites religieux, de même qu’il aide la personne à se délivrer des attachements matériels et à contenir et contrôler ses instincts et ses désirs, outre le fait qu’il lui inculque que le concept des libertés est lié à celui du Bien, au service de l'individu lui-même mais aussi des personnes qui l'entourent.
Et de poursuivre qu’il s’agit là d’un effort intense qui conforte la patience et l’endurance chez l’individu et lui enseigne la force de la volonté et de la détermination, et le prépare ainsi à affronter les vicissitudes de la vie et son évolution, et à assumer la responsabilité du développement de sa société de la meilleure façon.
S’agissant des degrés du jeûne dans l’école de Ramadan, M. Boulaâmane a fait remarquer que l’Imam Al Ghazali a répertorié dans son ouvrage "Ihyaa Ouloum Ad-dine" trois degrés, en l’occurrence le jeûne général ou jeûne du commun (sawm al oumoum), le jeûne des particuliers (sawm al khussus), et le jeûne de l’élite des particuliers (sawm khussus al-khussus).
Et d’expliquer que le jeûne des gens du commun qui est observé par l’ensemble des individus est caractérisé par l’abstention de se livrer aux désirs du ventre (s’abstenir de nourritures et de boissons) et du sexe, alors que le jeûne des particuliers consiste en plus à préserver du péché les autres sens (l’ouïe, la vue, …), tandis que le jeûne de l’élite des particuliers est un stade qui réunit les caractéristiques des deux précédents degrés et où le cœur se détourne des viles préoccupations et des pensées vaines.
Il a noté, dans ce contexte, que si un musulman entre dans une "école de jeûne", il y apprendra des leçons d’une importance capitale, et ces leçons sont représentées dans la piété qui est le plus grand objectif du jeûne. C'est pourquoi Dieu, le Tout-Puissant, a dit: "Ô les croyants! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété".
Dans cette même veine, le professeur Boulaâmane a mis en avant le lien entre la piété et le jeûne qui éveille la conscience et favorise la pleine soumission aux prescriptions divines.
Il a également mis l’accent sur les enseignements ayant trait au renforcement de la volonté, de la patience et de l’endurance, faisant savoir que le jeûne est une protection contre le mal et les péchés et permet de rompre progressivement avec certaines mauvaises habitudes, comme l’habitude de fumer.
En outre, faire le jeûne c’est aussi penser aux pauvres, a rappelé M. Boulaâmane, précisant que le mois de Ramadan rime avec partage et solidarité envers les personnes en situation précaire, en sus de ses multiples bienfaits sur la santé du corps et qui sont confirmés par la médecine.
De l’avis de ce professeur, la liste des leçons qu’apprend le musulman dans l’école du jeûne ne se limite pas uniquement à ces enseignements, puisque le jeûne consacre l’égalité entre les riches et les pauvres en termes de privation, et rappelle l’unité des musulmans, dans la mesure où tous les musulmans dans le monde entier jeûnent pendant ce mois sacré.