De manière générale, l'accent a été mis lors de ce séminaire à distance sur ‘’la nécessité de tenir à distance les patients du risque d'infection à coronavirus, tout en maintenant leur prise en charge, de telle sorte à ne pas compromettre le pronostic lié à leur maladie, qui peut être plus grave que le risque infectieux’’.
Il s'agit également, selon les experts, d'éviter les consultations de surveillance sauf si le patient présente des symptômes évoquant une récidive, reporter et communiquer à distance par le moyen le plus accessible, privilégier les thérapies orales, l’hormonothérapie et les thérapies moléculaires ciblées per os et remplacer les protocoles à base de cisplatine par la carboplatine ou l’oxaliplatine selon l’indication, à l’exception des situations curatives.
Ils ont aussi recommandé l’utilisation des facteurs de croissances granulocytaires dès qu’il y a un risque intermédiaire de neutropénie, l’Érythropoïétine dans les cancers métastatiques sous chimiothérapie pour réduire le recours aux transfusions et les bisphosphonates tous les trois mois au lieu de tous les 28 jours ou recourir aux bisphosphonates oraux.
Dans le document qui a sanctionné les travaux du séminaire, les participants ont invité les professionnels à réduire de façon significative l’utilisation des corticoïdes en prémédication, les réserver aux protocoles allergisants, privilégier les protocoles de chimiothérapie administrés toutes les trois semaines par rapport aux protocoles hebdomadaires, allonger l’intervalle intercure de l’immunothérapie en doublant les doses et en situation curative et poursuivre toutes les chimiothérapies à haute valeur ajoutée.
En situation palliative, les experts nationaux ont souligné notamment l'impératif de faire des pauses thérapeutiques, quand cela est possible dans une maladie bien contrôlée et espacer les bilans d’évaluation et agir selon le bénéfice clinique.
‘’La radiothérapie est un excellent moyen thérapeutique à visée curative, seul ou en association à la chirurgie ou à la chimiothérapie, ou à visée palliative’’, estime-t-on, relevant que des ‘’mesures très strictes sont prises au sein des centres de radiothérapie pour éviter le croisement de l’infection entre les patients et entre le personnel et les malades’’.
Outre des entrées et passages séparés pour les patients et le personnel, il convient de veiller à assurer le triage des cas suspects, le port des masques obligatoire, des moyens de protection pour le personnel et désinfection des tables de scanner et des machines, une réduction du personnel (50% présent et 50% en confinement pour permettre une continuité de traitement en cas de contamination), selon ces experts.
D’après eux, le circuit des urgences en oncologie en période de pandémie doit subir une réorganisation de façon à assurer la sécurité des patients et du personnel soignant, notamment durant les transferts vers les services de radiologie, dépister précocement les patients Covid et continuer à prendre en charge correctement les autres complications infectieuses non-Covid.
En matière de chirurgie oncologique, ils ont préconisé de continuer une activité chirurgicale en “sanctuarisant” les services de traitement du cancer, en général, et les services de chirurgie oncologique en particulier, dans des zones indemnes de Covid-19.
En période de déconfinement, l'accent doit être mis, selon les mêmes experts, sur la nécessité de maintenir les mesures de protections individuelles lors du déconfinement voire même jusqu’à la mise sur le marché d’un vaccin efficace, accorder la priorité en termes de programmation chirurgicale aux patients mis en attente durant le confinement, envisager un appel téléphonique systématique des patients suivis dans les centres d’oncologie afin d’éviter une aggravation du phénomène des perdus de vue.
Ils ont, enfin, recommandé d’accorder un intérêt renforcé à l’état psychologique des patients afin de minimiser l’impact additionnel du stress et des contraintes liées à la pandémie.
Le séminaire, organisé mi-avril dernier, avait pour objectif de mettre à jour les connaissances et les actualités de la littérature mondiale sur ‘’Covid-19 et Cancer’’ et de permettre au Maroc de relever les défis associés à la prise en charge des cancers en situation de pandémie.
Le webinaire a été initié en collaboration avec la Société marocaine d’oncologie (SMO), la Société marocaine d’hématologie (SMH) et l’association marocaine de formation et de recherche en oncologie médicale (AMFROM).