La conservation de la diversité biologique est une préoccupation commune de l'humanité. C'est le fruit d'une évolution sur des milliards d'années, impactée par le comportement des êtres humains surtout lors des dernières décennies. Elle reflète la toile de la vie dont dépendent les êtres vivants.
Selon les Nations Unies, la biodiversité offre d'innombrables services, tant au niveau local que mondial. Les poissons assurent 20% de l’apport protéique à environ trois milliards de personnes. Plus de 80% de l’alimentation des êtres humains est assurée par des plantes, alors que près de 80% des habitants des zones rurales des pays en développement ont recours aux médicaments traditionnels à base de plantes pour les soins de base.
"En effet, c'est la combinaison des formes de vie et leurs interactions les unes avec les autres et avec le reste de l'environnement qui a fait de la Terre un endroit unique et habitable pour les humains. La biodiversité offre un grand nombre de biens et services qui soutiennent la vie", souligne l'ONU sur son site officiel à l'occasion de la journée internationale de la biodiversité (22 mai).
"Or, la nature décline actuellement à un rythme sans précédent, avec un taux d'extinction des espèces qui s’accélère, provoquant dès à présent de graves effets sur les populations du monde entier. La nature est en crise en raison de la perte de biodiversité et d'habitat, du réchauffement climatique et de la pollution toxique", alerte l'organisation des Nations unies.
"Or, ne pas agir, c’est faillir à l’humanité", s'indigne l'organisation à l'occasion de cette journée célébrée cette année sous le thème "Nos solutions sont dans la nature".
Approché par la MAP, Mostafa Azelmat, un professeur de sciences de la vie et de la terre, a affirmé que l’Homme, avide de pouvoir et de domination, recourt de plus en plus à l’exploitation irrationnelle des ressources naturelles, ce qui a impacté négativement la biodiversité.
Cet impact se voit à travers la modification des écosystèmes, l’épuisement des sols et la détérioration des ressources hydriques (quantité et qualité de l’eau), a-t-il indiqué.
D’après M. Azelmat, "les espèces sont liées entre elles puisqu'elles fonctionnent en écosystème. Donc, en affectant une espèce donnée, un déséquilibre apparaît au niveau des autres espèces liées à cette dernière par des chaînes alimentaires".
"Si l’individu veut assurer l'équilibre et la survie de l'humanité pour le futur, il doit absolument protéger la biodiversité le maximum possible, surtout qu’elle décline à un rythme très inquiétant", a-t-il poursuivi.
"En voyant l'abondance de l’eau pure, de l'oxygène et de la nourriture, l’Homme oublie l’origine de ces éléments naturels. Il est donc difficile pour lui d’imaginer la destruction rapide de services aussi fondamentaux qu'offre la nature", a regretté ce professeur.
Interrogé sur le thème de cette année, M. Azelmat estime que la nature a une réponse à tout dans la mesure où le respect de la biodiversité et l'atténuation de l’exploitation des ressources naturelles sont des solutions pour préserver la santé de l’Homme. "Pour que l’Homme jouisse d’une bonne santé, il doit préserver la nature", a-t-il insisté.
Pour sa part, Tarik El Mountassir, médecin chercheur en virologie, a déclaré à la MAP que "la biodiversité est une balance autant pour la vie que pour le corps humain, car un écosystème sain et diversifié permet à la planète terre de respirer sainement et de garder un bon rythme cardiaque pour préserver ses différentes espèces humaine, animale et végétale".
"Plus les années passent, plus l’humain dégrade sa propre vie quotidienne et celle de tout ce qui l'entoure et les effets de cette dégradation ne sont pas du tout anodins, aussi bien sur l'environnement que sur la santé car ils causent des maladies respiratoires, cardiovasculaires et des allergies", a-t-il ajouté, déplorant la hausse du nombre des zoonoses dans le monde.
D'après l'ONU, environ 60% de toutes les maladies infectieuses chez l'homme sont des zoonoses, c'est-à-dire qu'elles nous parviennent par l'intermédiaire des animaux.
Parmi ces maladies apparues ou réapparues récemment on peut compter le virus Ebola, la grippe aviaire, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), le virus Nipah, la fièvre de la vallée du Rift, le syndrome respiratoire aigu soudain (SRAS), le virus du Nil occidental, la maladie virale de Zika et, maintenant, le coronavirus, selon les Nations unies.
"La déforestation rime parfaitement avec la dégradation de la biodiversité et elle oblige malheureusement les animaux à quitter leurs habitats naturels vers des espaces de population proches puis plus lointains", a souligné M. El Mountassir.
"Si la nature est protégée, elle protégera l’Homme. C'est une relation de cause à effet. Et si elle ne l’est pas, elle mettra la vie de plusieurs individus en danger comme c’est le cas maintenant avec la Covid-19", a-t-il expliqué, appelant à revoir la relation de l'être humain avec son environnement.
La solution est donc claire: une conciliation entre l'Homme et la nature. Albert Camus avait dit il y a des décennies: "Il n'y a qu'une seule action utile, celle qui referait les hommes et la Terre".