Devant l’incertitude qui règne, le gouvernement sud-africain, qui se bat sur plusieurs fronts au milieu d’une pandémie du coronavirus qui semble encore à ses débuts, n’a pas encore mis en place un plan pour sauver le secteur.
Étouffées depuis près de deux mois par les restrictions imposées pour faire face au coronavirus, les entreprises touristiques sud-africaines et les professionnels du secteur s’interrogent quant à la date de la reprise de l’activité dans le secteur. Mais chez les responsables du pays, la réponse à ces interrogations risque de décevoir.
Dans les circonstances actuelles marquées par une hausse alarmante du nombre des infections, une invisibilité totale règne sur le secteur. Par conséquent, un plan de relance n'est pas pour l'instant à l'ordre du jour du gouvernement du Congrès national africain, le parti qui dirige le pays depuis 1994.
L'Afrique du Sud a enregistré jusqu'à présent 19.137 cas confirmés d'infection au Covid-19, alors que le nombre de morts a atteint 369.
Selon les conclusions d'un rapport présenté récemment par des conseillers scientifiques du gouvernement sud-africain, d’ici la fin du mois de mai, le nombre des infections confirmées devra augmenter à 30.000 cas, un chiffre qui devra atteindra un million en juillet prochain.
En dépit de ces chiffres alarmants, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a cédé aux pressions énormes qu'il a subies pour rouvrir l’économie. Il a décidé de passer du niveau 5 au niveau 4 de l'alerte à la pandémie à partir du 1er mai en cours.
Ramaphosa a également a annoncé le début de consultations en vue d’assouplir davantage les mesures de confinement vers la fin du mois de mai pour passer au niveau 3.
Cependant, pour le directeur général de l'Office du tourisme sud-africain (SAT), Sisa Ntshona, ces mesures ne sont pas suffisantes pour redonner vie au tourisme dans le pays puisque les entreprises ne pourront rouvrir partiellement que dans le niveau 2, et devraient attendre la mise en place du niveau 1 pour ouvrir entièrement.
« L'avenir de l'industrie touristique sud-africaine ne repose actuellement que sur des estimations », a dit le responsable, ajoutant que « sur la base des projections actuelles, le pays n'atteindra le niveau 1 qu'au premier trimestre 2021 ».
Il a précisé que la trajectoire actuelle de la propagation du virus dont le pic devrait être atteint au mois de septembre prochain, il est probable que le niveau 2 sera mis en place en novembre et le niveau 1 en janvier de l'année prochaine.
L'Afrique du Sud n'est certes qu'aux premiers stades de cette crise sanitaire mondiale, mais ces projections initiales reflètent clairement l'ampleur des défis qui attendent le tourisme dans le pays arc-en-ciel.
Selon le directeur général du Tourism Business Council (TBCSA), une association qui représente les entreprises des secteurs du voyage et du tourisme, l'industrie touristique ne sera pas capable de contribuer significativement au PIB sud-africain cette année et souffrira d'importantes pertes d'emplois.
Les répercussions de cette situation inédite n'affectent pas uniquement le tourisme mais également tout l'écosystème qui gravite autour du secteur, y compris la chaîne d'approvisionnement, a-t-il dit.
Une étude réalisée récemment par l'organisation Cape Town Tourism (CTT) révèle que près de 90.000 emplois peuvent être perdus durant les six prochains mois et ce, seulement dans la ville du Cap, premier pôle touristique en Afrique du sud.
Seulement 4 pc des entreprises disposent des ressources nécessaires pour survivre plus d'un an, a révélé le CTT dans son enquête qui a porté sur les différentes entreprises opérant dans l'industrie du tourisme, y compris les établissements hôteliers, les agences de voyage et les restaurants.
Le désespoir qui s'empare des professionnels du secteur touristique est généralisé d'autant plus que les autorités sud-africaines n'ont présenté jusqu'à présent aucune solution pour venir en aide à un secteur qui apporte une contribution importante à l'économie du pays.