La Turquie, qui n'a accueilli que 1,8 million de touristes en janvier dernier (+16,1pc par rapport à la même période en 2019), ne constitue pas une exception, en ce sens que l'industrie du tourisme dans tous les pays a subi des impacts très significatifs depuis mars dernier à cause des mesures internationales strictes pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, y compris la fermeture des frontières et l'imposition de restrictions à la circulation des personnes, ce qui a provoqué une vague sans précédent d'annulation des réservations, et même la suspension totale des activités des installations touristiques et des stations balnéaires, avec des pertes énormes pour un secteur qui constitue une ressource majeure pour le pays, générant des revenus de 34,5 milliards de dollars en 2019.
Le poids du secteur dans le cycle économique turc, en termes de contribution au Produit intérieur brut (12,1 pc en 2019), ou d'emploi (5 millions d'employés), a incité les autorités turques à accélérer la recherche de moyens efficaces pour sauver la saison, soit en ce qui concerne les mesures de précaution pour la relance de la saison touristique surtout dans sa dimension traditionnelle de loisirs en s'appuyant notamment sur le tourisme intérieur, ou bien aller de l'avant en proposant des offres touristiques alternatives, dont le tourisme médical, une filière à forte capacité compétitive.
Le contexte de la pandémie de coronavirus a imposé à la saison touristique actuelle l'adoption d'un "Certificat de tourisme sûr", en tant que nouvelle mesure sur l'industrie touristique et qui repose sur 4 bases à savoir "la santé et la sécurité des voyageurs", "la santé et la sécurité de l'employé", "les mesures prises dans les installations" et "les mesures adoptées dans le secteur des transports ».
En Turquie, les responsables sont bien conscients que le tourisme intérieur revêt une importance vitale de nature à sauver le secteur d'une récession, en particulier à la veille de lancement de la saison au niveau national, et dans le contexte de la levée progressive des mesures de précaution et de la reprise du transport aérien et routier entre les différentes provinces du pays.
Par ailleurs, le choix de la Turquie en faveur du tourisme intérieur pour sauver le secteur s'explique par les résultats positifs réalisés en 2019, la hausse des dépenses touristiques locales à hauteur de 21,5 pc sur une base annuelle, surtout que les touristes nationaux ont dépensé environ 8,6 milliards de dollars (environ 48,9 milliards de livres) sur les vols intérieurs.
En outre, la reprise de la saison touristique actuelle est programmée en Turquie au niveau du ministère de la Culture et du Tourisme, du ministère de la Santé et du Conseil scientifique de lutte contre le coronavirus, de même que les responsables concernés planchent sur l'élaboration de mesures strictes à même d'assurer la sécurité des touristes et des employés du secteur, et parmi ces mesures figurent la distanciation sociale, la stérilisation, la mise en place de caméras thermiques, et l'exploitation par les hôtels de la moitié de la capacité d'accueil des pensionnaires, tout en respectant la mesure de distanciation sociale au sein des établissements hôteliers et renoncer au service de buffet ouvert et le remplacer par la liste de menu.
Conformément à ces mesures, il est prévu de renforcer le contrôle sur les employés dans les hôtels, qui devraient subir un examen médical avant de commencer le travail à un rythme quotidien, utiliser des gants et des masques de protection, et dans certains cas, des vêtements de protection spéciaux.
A titre d'exemple, la province d'Antalya, considérée comme la capitale du tourisme turc, et qui avait accueilli l'année dernière plus de 15 millions de touristes étrangers, a entamé les travaux d'équipement des plages pour accueillir les visiteurs en tenant compte des mesures de stérilisation des hôtels et de distanciation sociale entre les touristes, le but est d'éviter que leur présence au même endroit constitue un risque de propagation de la maladie.
S'agissant de l'alternative à même de sauver la saison, elle concerne le tourisme médical, qui a permis la réalisation de plusieurs projets importants comme les cités médicales avec des normes internationales, surtout que le nombre de patients étrangers qui ont bénéficié de soins en Turquie en 2019 a dépassé 880.000 personnes provenant notamment des pays européens, comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne, et dont les raisons de la visite concernent le traitement, la chirurgie et la chirurgie esthétique.
Selon le classement du site "Hostel Tour" pour l'année 2019, la Turquie figure à la 3è position des pays qui enregistrent le plus grand volume de recettes générées par le secteur du tourisme médical au monde après les Etats-Unis et l'Allemagne.
La Turquie constitue également le cinquième marché mondial en termes de nombre de touristes souhaitant bénéficier de services médicaux, après les Etats-Unis, l'Allemagne, la Thaïlande et l'Inde.
Dans ce même contexte, la présidente du Département de l'administration de la santé à la faculté des sciences de la santé de l'Université d'Istanbul, Yetter Demir Oso, a estimé que les succès réalisés par la Turquie en matière de lutte contre l'épidémie de coronavirus permettront d'ouvrir la voie à une augmentation de la demande de tourisme médical dans le pays, soulignant que les mesures prises pour endiguer la propagation du Covid-19 renforceront la part de la Turquie en termes de revenus du tourisme médical mondial.
La responsable turque a également indiqué dans une déclaration à la presse que ces mesures ont été saluées à plusieurs reprises par nombre d'organisations de santé, y compris l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ajoutant que les cités médicales qui ont été inaugurées dernièrement notamment à Istanbul, contribueront à renforcer le tourisme médical, en assurant des infrastructures et des appareils médicaux modernes.
A l'instar d'autres pays, la saison touristique cette année en Turquie sera différente des années précédentes, les indicateurs et les prévisions devraient enregistrer une baisse en dépit des incitations financières et fiscales fournies par les autorités, et l'objectif de sauver la saison dépend de la capacité du pays à bien maitriser l'épidémie de coronavirus.