Intervenant à l'occasion de cette rencontre organisée conjointement par Cités et Gouvernements Locaux Unis d'Afrique (CGLU-Afrique) et l'Agence de l'Oriental, le secrétaire général de CGLU-Afrique, Jean-Pierre Elong Mbassi, a relevé que la mobilité a de tout temps était nécessaire à la survie des êtres humains et indispensable à toute vie économique et culturelle.
La mobilité peut être appréhendée suivant l'espace géographique, qui permet de déterminer le voisinage et qui a été à l'origine de la formation des communautés humaines, a-t-il ajouté, expliquant qu'avec le développement des moyens de communication et de déplacement, cet espace géographique s'est rétréci et le voisinage a été élargi.
La mobilité peut également être défini suivant l'espace économique, a-t-il poursuivi, soulignant que la mobilité des personnes et des biens occupe une place centrale dans toutes les économies du monde.
Le secteur de la mobilité a, en conséquence, déterminé le modèle économique de la planète sur la base de l'accès facile aux énergies fossiles, a relevé M. Elong Mbassi, estimant que "nous sommes manifestement entrés dans une ère ou le Covid-19 nous a montré l'importance de la frugalité dans l'écosystème mondial que nous sommes appelés à organiser".
"La mobilité de demain sera basé sur la volonté de remettre l'humanité au cœur des relations internationales", a-t-il insisté.
Même son de cloche chez le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) au Maroc, François Reybet-Degat, qui a rappelé que c'est cet esprit là qui a été à l'origine de la création des Nations-unis, regrettant toutefois que le souffle de cette organisation soit en train de s'estomper.
Le Covid-19 dans est une crise sans précédent, un fléau qui a eu un impact global et qui a poussé nombre de pays à prendre des mesures rapides pour contenir ce virus, a-t-il ajouté, estimant que le "Maroc a été un exemple de gestion efficace du avec une prise de décisions très rapide".
Mais partout dans le monde, ces mesures ont eu un impact drastique sur la mobilité des demandeurs d'asile, a fait remarquer M. Reybet-Degat, précisant qu'à fin avril, 167 pays avait fermé partiellement ou complètement leur frontières, dont 163 qui n'ont pas fait d'exception pour les demandeurs d'asile, empêchant ainsi ces personnes de fuir les percussions qu'elles peuvent subir.
Il a dans ce sens insisté sur le fait que la protection des réfugiés n'était pas incompatible avec la préservation de la santé publique, appelant les États à inclure les demandeurs d'asile, les réfugiés et les migrants dans toutes les réponses nationales à cette pandémie.
À ce titre, en 2014, le Maroc avait établi une stratégie nationale d'immigration et d'asile à la fois progressive et précurseure puisqu'elle contenait déjà les éléments du pacte mondial de 2018, a fait savoir M. Reybet-Degat, saluant les progrès effectués en matières d'accès des réfugiés à l'emploi, à la santé et à l'éducation durant les six dernières années.
Par ailleurs, il a relevé qu'il existe dans la volonté africaine de se réapproprier les mobilités, notamment avec l'établissement de l'Observatoire africain des migrations à Rabat, un élément capable de jouer un rôle important et d'apporter de l'espoir.
Dans ce sens, le directeur général de l’Agence de l’Oriental, Mohammed Mbarki, a signalé que l'Afrique réfléchit de façon sérieuse aux chaines de valeur que peuvent produire ses richesses, notant que le continent est en train de s'organiser en groupements régionaux capables de mieux se placer sur la scène économique internationale.
Alors que l'Europe et les États-Unis ont longtemps été le centre du monde, l'émergence des technologies de maitrise de l'information et du big data en Asie révèle que le monde n'est plus monocentrique, a-t-il fait observer.
Le fait que le monde soit polycentrique enlève à la notion de périphérie tout son sens, a estimé M. Mbarki, relevant que l'Afrique peut ainsi elle-même prétendre devenir un centre, pourvu qu'elle s'organise, qu'elle soit confiante vis-à-vis de ses capacités de développement et qu'elle soit solidaire.
Une idée partagée par l'ambassadeur itinérant et conseiller du président sénégalais Macky Sall, Fodé Sylla, qui a indiqué que la résilience du continent africain a été illustrée par la réaction de SM le Roi Mohammed VI qui a été porteur d'un projet alternatif en proposant le lancement d’une initiative de Chefs d’Etat africains visant à établir un cadre opérationnel afin d’accompagner les pays africains dans leurs différentes phases de gestion de la pandémie.
Cette résilience a également été montrée par le Président du Rwanda Paul Kagamé, qui a insisté sur l'importance d'adapter le confinement aux réalités africaine, ainsi que par l'appel du président sénégalais, Macky Sall, à repenser la dette africaine.
Ces initiatives montrent que l'Afrique a la capacité d'apporter des réponses fortes aux enjeux actuels, d'autant que la diaspora africaine a changé de nature et que le continent dispose d'un potentiel d'intelligence qui ne demande qu'à être exploité.
Enfin, le psychanalyste et écrivain marocain, Jalil Bennani, a insisté sur la notion de mobilité psychique que l'on peut développer en établissant des contacts réguliers avec l'autre et en apprenant de sa culture.
Il a dans ce sens mis en exergue l'importance d'aller à la rencontre des migrants et des réfugiés, expliquant que dès qu'on ouvre le dialogue avec ces catégories, l'humain prend le dessus.