“Entre les deux approches, un raisonnement prenant en considération l’équilibre bénéfices-risques aidera pour une meilleure décision”, a-t-il déclaré dans un entretien à la MAP à l’occasion du début, au Maroc, d’un processus de déconfinement progressif.
De l’avis de ce professeur d’épidémiologie clinique à la Faculté de médecine de Fès, la sortie de confinement doit s’inscrire dans la stratégie de contrôle de l’épidémie jusqu’alors adoptée. “Ainsi, il est impératif de limiter l’apparition de nouvelles infections et de nouveaux foyers, éviter la diffusion communautaire du virus dans les régions avec des cas sporadiques et/ou de petits foyers et éviter la réintroduction du virus dans les régions avec éradication du Covid-19”, a-t-il précisé.
Interrogé sur les conditions à remplir dans le processus de déconfinement, M. Berraho a relevé que des critères épidémiologiques et de l’offre de soins doivent être vérifiés afin de relâcher progressivement et partiellement les contraintes du confinement, tout en maintenant un faible niveau de transmission de virus.
Il a sur la même lignée abordé les prérequis retenus pour distinguer entre deux zones quand il s’agit d’assouplir les mesures de confinement, l’expert a mis en avant la capacité du système de santé à faire face simultanément à une éventuelle nouvelle vague épidémique et à répondre aux besoins liés aux conséquences du confinement.
“Notre système d’identification et de prise en charge des cas doit être rapide et la traçabilité de leurs contacts doit être efficace”, a-t-il poursuivi, soulignant qu’il doit être aussi capable d’isoler des patients Covid-19 et les contacts à haut risque.
Il a en outre mis l’accent sur le potentiel de surveillance épidémiologique pour mesurer les tendances et détecter une reprise de l’épidémie, ainsi que sur la présence d’un stock de matériel et d’équipements de protection individuelle et collective, en plus d’une gouvernance en charge de la sortie du confinement.
Abordant à cet égard les critères épidémiologiques, le professeur a notamment évoqué le taux de reproduction (RT), l’incidence de la maladie et la prévalence des cas actifs.
S’agissant du RT, il est très important pour l’évaluation de la situation vers une épidémie : lorsqu’il est supérieur à 1, on est dans une situation d’épidémie, a-t-il expliqué.
En outre, l’incidence de la maladie renseigne sur la vitesse d’apparition des nouveaux cas dans un intervalle de temps, alors que la prévalence des cas actifs, il est important pour mesurer le risque de la diffusion de l’épidémie.
A la question de savoir Comment éviter une augmentation du RT, Dr Berraho a noté que l’assouplissement des mesures du confinement signifie une mobilité plus importante, une densité et des contacts plus importants, “ce qui pourrait entrainer une hausse du nombre de cas enregistrés”. “D’où l’importance d’instaurer une levée du confinement progressive et contrôlée pour éviter une nouvelle vague et être capable de la détecter très précocement”, a-t-il constaté.
Il a dans le même ordre d’idées évoqué les craintes d’une résurgence de l’épidémie, affirmant que toute continuation ou reprise de l’activité dans un secteur expose à un risque de diffusion de la maladie. Selon lui, un tel risque “doit être maitrisé pour éviter l’apparition de nouveaux cas”.