Autant le reconnaître d'emblée : la fête du Sacrifice est placée chaque année, en grande partie, sous le sceau des métiers "ad hoc" qui fourmillent à l'occasion de son approche. Il suffirait, à cet égard, de fureter le petit marché du quartier pour s'enquérir ou bénéficier des services et produits ô combien nécessaires qu'il offre !
Les adeptes de ces besognes intermittentes se répartissent, en général, entre ceux qui exercent déjà un premier métier lié à la boucherie et consorts et qui, l'occasion fait le larron, veulent avoir pignon sur rue en cette occasion et ceux qui, claquemurés pour une raison ou une autre, décident de sortir de leur torpeur pour se fondre dans le décor.
Ils sont au fait légion et l'on peut y compter -la liste n'est point exhaustive- les rémouleurs de couteaux, les égorgeurs professionnels et découpeurs à l’œuvre de l'abattage et du dépiautage du mouton, les vendeurs du charbon de bois essentiel dans l'allumage du brasero en terre cuite ou encore ceux des ustensiles de cuisine destinés expressément aux rituels de l'Aïd, etc.
Par dessus le marché, Abdelilah Benkeddour est l'un de ceux qui s'adonnent à ces boulots épisodiques pour décrocher légitimement la timbale. Boucher de profession au quartier Akkari à Rabat, il ne démord pas cette année de sa vieille habitude d'abattre les moutons des "anciens" clients, dans le respect total des dispositions sanitaires décrétées par les autorités.
"Nous avons des clients chez qui nous allons nous rendre aussi cette année, munis de nos attirails stérilisés et les autorisations qui nous seront délivrées par les autorités locales", confie à la MAP ce trentenaire à l'air béat. Toutefois, il dit constater que "l'ambiance de l'Aïd est presque absente et que l'afflux habituel des clients vers le marché en ces temps est différent, voire très bas par rapport aux années précédentes".
Contrairement à M. Benkeddour, un "vieux routier" de la boucherie au nom de Kassem nous a fait part de son intention de ne pas être de mèche cette année avec l'abattage du bétail, avouant être au bout du rouleau et regrettant "la baisse d'année en année du nombre des moutons à égorger et à découper".
Quant à Youssef Ejjoulali, jeune vendeur de charbon du bois au même quartier, il nous fait savoir qu'il a préparé "plusieurs quantités pour les vendre dans le respect total des mesures préventives en vigueur", sonnant par ailleurs le même tocsin de la baisse de la clientèle en raison de l'épidémie, lui qui vendait, naguère, sa marchandise à "tire-larigot".
Même son de cloche chez Ihabi Nadir, vendeur quadragénaire de brochettes et compagnie qui témoigne que le coronavirus a "impacté l'affluence" des acheteurs et acheteuses en cette période de l'avant Aïd, disant que tant s'en faut qu'il reste encore quelques jours pour l'Aïd, "la patience renforce notre espoir de vendre notre marchandise très prochainement".
Tout compte fait, la pandémie de la Covid-19 a eu, outre son ombre sur l'économie mondiale et nationale, une incidence et non des moindres sur les "petits" métiers tous azimuts. Preuve entre autres à l'appui, les travailleurs saisonniers qui subissent de front les "séquelles" économiques du virus. Hélas !
Pour rappel, le ministère de l'Intérieur a pris une série de mesures pour organiser l’opération de sacrifice à l’occasion de la fête de l’Aïd Al Adha 1441. Des autorisations seront, à cet égard, délivrées par les autorités locales aux bouchers professionnels et aux personnes saisonnières procédant au rituel du sacrifice et seront avant soumises à des tests à la covid-19, en coordination avec les autorités sanitaires compétentes, précise un communiqué du département.
Ils seront également dotés des outils et produits susceptibles de garantir le respect des mesures préventives en vigueur comme les masques de protection, les produits antiseptiques et désinfectants.