Eric Asmar, CEO de happy smala, livre dans une interview à la MAP, son analyse sur l'impact de la loi n° 15-18 relatif au financement collaboratif sur les start-up marocaines, le potentiel de développement de ce mécanisme et le fonctionnement des plateformes de crowdfunding.
1. Quel sera selon vous l'impact de la loi n° 15-18 sur les start-up marocaines ainsi que sur les plateformes de "crowdfunding" ?
Cette loi permettra aux plateformes d'opérer librement sur le marché marocain avec des systèmes de paiement marocains, réduisant ainsi les coûts et élargissant le portefeuille de projets potentiels à financer. Pour les start-up, c'est un outil de validation du projet auprès de la foule, de communication et de levée de fonds évidemment et le fait qu'il soit régit par la loi marocaine élargit la communauté des backers/contributeurs potentiels.
2. Pensez-vous que le crowdfunding sera une alternative réaliste pour faire face au manque de financement ?
C'est une solution de financement très efficace pour certains types de projets. Selon notre expérience, les projets culturels et créatifs tels que la mode et les accessoires, la musique et les livres et bandes dessinées suscitent un grand intérêt chez les Marocains.
Les projets caritatives et humanitaires comme les campagnes menées chaque année à la rentrée pour les fournitures scolaires mobilisent également un soutien important du grand public. Les nouveaux marchés de prêt et d'investissement collaboratif se développent rapidement au moyen orient et nous constatons qu'ils peuvent devenir des moyens importants de financement pour les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME).
La crise liée au nouveau coronavirus (covid-19) a, en effet, montré la puissance du crowdfunding comme moyen de financement. Depuis le début de cette crise, des projets marocains ont récolté plus de 250.000 dirhams à travers des plateformes de crowdfunding marocaines et plus de 620.000 dirhams à travers des plateformes internationales, sans compter les 33,3 milliards de dirhams du Fonds spécial, qui collecte des fonds des particuliers ainsi que des entreprises et d'autres institutions.
3. Quel potentiel de développement pour ce mode de financement au Maroc?
Il n'est pas évident d'estimer la taille du marché marocain à ce stade précoce, mais d'après la Banque mondiale le marché du crowdfunding en Afrique et dans la région Moyen-orient et Afrique du Nord (MENA) est estimé à 2,4 milliards de dollars et 5,5 milliards de dollars respectivement.
Le Maroc, appartenant aux deux régions, profite de sa position géostratégique qui lui permet de bénéficier des opportunités de croissance offertes par le crowdfunding dans les deux régions.
4. Pouvez vous nous expliquer le fonctionnement d'une plateforme de crowdfunding?
Une plateforme de crowdfunding recrute des projets à exposer avec des objectifs en terme de levée de fonds définis, ces derniers grâce à une communication intensive sur leur campagne arrive à convaincre des backers pour contribuer à leur campagne, qui a une durée limitée (entre 15 à 60 jours en moyenne). Si la plateforme a comme modèle le tout ou rien, le porteur de projet doit atteindre son objectif ou le dépasser pour collecter les fonds.
Sinon, quelque soit la somme atteinte, celui-ci récupère tous les fonds. Le porteur de projet rémunère la plateforme en lui versant un pourcentage de la somme collectée entre (5 à 10% en moyenne) si la campagne est réussie.
5. Pour les entrepreneurs et les porteurs de projets intéressés par ce mécanisme, quels sont vos conseils avant d'y opter?
Consolidez vos communautés avant de lancer votre campagne. Une campagne de crowdfunding est avant tout une campagne de communication, dont il est essentiel d'avoir déjà mis en place des canaux online et offline et d'avoir cultivé une communauté de soutien à votre projet. Les membres de cette communauté seront les premiers à contribuer au financement du projet, et à convaincre d'autres personnes de les rejoindre.