Ainsi, après presque cinq mois d'interruption et en pleine tempête sanitaire, le pays déconfine par régions pour redynamiser une économie exsangue en berne, tout en imposant une série de mesures sanitaires préventives comme la distanciation sociale, le port du masque et la prise de température à l'entrée des espaces publics pour freiner la propagation de l'épidémie.
Le Mexique n'a d'autre choix alors que de faire tourner son économie en dépit des défis que pose au pays le regain de l'épidémie de Covid-19 qui a frappé davantage le secteur informel et les populations défavorisées notamment dans les grandes villes qui connaissent une forte concentration démographique.
En fait, sous la pression des contraintes économiques, un processus progressif de déconfinement, jugé précipité par les spécialistes, s'est engagé dans la plupart des Etats.
A Mexico, si le confinement a mis un coup d'arrêt aux activités économiques à cause des mesures prises par les autorités pour freiner la progression de l'épidémie, la reprise partielle des activités économiques, commerciales et les services se fait non sans difficulté.
La métropole de près de 20 millions d'habitants vient d'entamer une reprise partielle de ses activités économiques, alors que la flambée du virus persiste. Si une majorité des restaurants et cafés constatent une baisse de clients, certains en revanche commencent à voir un retour progressif de la clientèle.
Le gouvernement de la métropole a entrepris "une réouverture partielle", en imposant aux restaurants et cafés des mesures de sécurité et des quotas de présence des clients, de 50% à 30%, ajustés selon les différents taux de contagion. Les commerces et les entreprises d'assemblage pour l'exportation vers les Etats-Unis ont été les premiers à reprendre leurs activités dans le pays aztèque où la maladie a touché plus d'un demi-million de personnes et fait près de 54.000 morts.
Mais le responsable de la stratégie gouvernementale contre le nouveau coronavirus, Hugo Lopez-Gatell, a fait part cette semaine de son optimisme, estimant qu'il y avait désormais un "contrôle plus important" de la pandémie.
"Nous avons encore une importante activité épidémique, mais elle a commencé à ralentir", a-t-il assuré.
Cette affirmation a été contestée par l'expert Alejandro Macias, qui avait dirigé en 2009 la stratégie gouvernementale face à l'épidémie de grippe H1N1, estimant que "le nombre de cas, comme celui des décès, doit être substantiellement plus élevé que ce qui apparaît dans les chiffres officiels, du fait que nous avons pratiqué peu de tests".
Ce spécialiste reconnaît toutefois des succès tels que la reconversion des hôpitaux pour faire face à la crise. Mais sur des aspects tels que le nombre de tests effectués, "le Mexique est franchement allé à l'encontre des recommandations internationales", déplore-t-il.
Le Mexique, deuxième économie d'Amérique Latine derrière le Brésil, se trouve ainsi fortement affecté par la crise liée à la pandémie. Selon le Fonds monétaire international, le PIB mexicain devrait chuter de 7% en 2020 après avoir stagné à 0,1% en 2019.
D'aucuns estiment aujourd'hui que l'urgence économique prévaut sur l'urgence sanitaire dans un pays où le secteur informel est prépondérant puisqu'il concentre près de 50% de la population active.