1- Quel est votre bilan des trois années passées en tant que premier ambassadeur d'Australie au Maroc ?
L'avantage d'être le premier ambassadeur dans un pays, c'est que l'on laisse un legs visible. L'ouverture de l'ambassade d'Australie à Rabat en 2017 a donné un nouveau souffle aux relations bilatérales qui étaient déjà excellentes. Mais la présence physique d'une ambassade à Rabat a changé la donne pour les relations bilatérales.
En tant qu'ambassadeur d'un pays éloigné du Maroc, j'ai voulu faire connaître l'Australie et surmonter ce que j'appelle "la tyrannie de la distance", c'est-à-dire les 18.000 km qui nous séparent. Maintenant, après trois ans, je suis convaincue que l'éloignement géographique n'est pas un frein à nos relations. J'ai donc œuvré pour sensibiliser les opérateurs économiques, australiens et marocains, aux opportunités qui s'offrent et à capitaliser sur le fait que l'Australie et le Maroc sont deux portes d'entrée vers leurs régions respectives: l'Australie vers l'Asie-Océanie et le Maroc vers l'Afrique et l'Europe.
2- Comment observez-vous le niveau des relations politiques et économiques entre Rabat et Canberra ?
Il est clair que l'Australie est engagée à travailler avec le Maroc sur tous les fronts, en reconnaissance du rôle que joue le Maroc dans sa région, qu'est un rôle de leadership, allant des domaines du changement climatique, de lutte contre le terrorisme et maintenant la lutte contre la pandémie de Covid-19. Le Maroc a clairement une influence grandissante en Afrique et nous avons une grande convergence de points de vue sur tous ces défis et nous saluons le Royaume pour le travail de fond qu'il a réalisé sur les questions de sécurité et de paix et sa contribution en faveur de la stabilité régionale.
Nos relations économiques commencent aussi à s'étoffer et je note avec satisfaction l'intérêt grandissant des entreprises australiennes envers le Maroc qui commencent à se rendre compte que le Maroc est un tremplin idéal vers l'Afrique et vers l'Europe. Aussi, après la signature d'un protocole d'accord entre le Maroc et l'Etat d'Australie du Sud, les activités de coopération ont sensiblement augmenté, notamment dans le secteurs de l'agriculture, des mines, des échanges universitaires et l'aquaculture.
3- Quels sont, selon vous, les autres domaines que le Maroc et l'Australie peuvent explorer pour renforcer davantage leurs relations de coopération ?
Il me semble que nos relations économiques sont en-deça de leur potentiel et on pourrait mieux faire. Il y a des secteurs comme les énergies renouvelables, l'éducation, l'enseignement supérieur qui sont des terrains fertiles pour un partenariat entre les opérateurs australiens et marocains et nous explorons en ce moment ces pistes prometteuses.
Après trois ans, l'ambassade d'Australie et le conseil d'affaires Maroc-Australie ont mis sur pied les fondements d'une relation économique beaucoup plus dynamique et nous œuvrons pour donner un nouveau souffle au partenariat en offrant des conseils ou en organisant des délégations d'hommes d'affaires dans les deux sens. Dans certains domaines, on partage déjà notre savoir-faire.
4- Quel regard portez-vous sur l'évolution enregistrée ces dernières années par le Maroc dans différents domaines : social, économique, politique, des droits de l'Homme, etc ?
Le gouvernement australien reconnaît l'importance stratégique du Maroc en tant que hub régional entre l'Europe et l'Afrique et aussi en tant que leader au niveau du continent et c'est pour cela que l'on a ouvert une ambassade en 2017. Et en tant que premier ambassadeur d'Australie au Maroc, je vante la stabilité politique et économique du Royaume, la modernisation des infrastructures, l'amélioration constante du climat des affaires et bien sûr la vocation africaine du Royaume.
Au cours des trois dernières années, j'ai pu observer par moi-même de grands changements au Maroc. J'ai vu et eu le plaisir de visiter en des infrastructures de classe internationale, notamment le train à grande vitesse, le port Tanger-Med, la centrale solaire à Ouarzazate. Mais pas seulement les infrastructures, j'ai aussi vu un Maroc profondément ancré dans ses traditions mais à la fois moderne, tolérant et ouvert sur le monde à la faveur des réformes profondes sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
5- Pouvez-vous nous parler du travail que vous avez fait pour faire connaître davantage l'Australie au Maroc ?
J'ai voulu faire découvrir l'Australie au Maroc et éveiller la curiosité des Marocains, ainsi qu'aller au-delà des clichés habituels sur les koalas et les kangourous. A cet égard, le vibrant hommage au cinéma australien au festival du film à Marrakech, l'année dernière, a mis en valeur toute la singularité et la richesse de notre culture et nos paysages magnifiques. La mise en honneur l'année dernière au gala diplomatique de bienfaisance présidé par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa fut également une belle consécration. Mais à cause de l'éloignement, je dois œuvrer à une plus grande connaissance de mon pays.