Combinant entre son expérience d’économiste du développement, de ministre et de négociatrice pour "rebâtir la confiance" en l’OMC, Mme Okonjo-Iweala promet de refaire la preuve de l’utilité du gendarme du commerce mondial pour l’ensemble des pays membres, en particulier sur le volet de la santé, crucial en temps de pandémie.
Selon elle, seul un système d’échanges multilatéral peut produire des résultats pour tous, des solutions gagnant-gagnant. Et l’OMC est la clé de voûte de ce système.
Cette femme d’action veut doter l’OMC d’un objectif qui utiliserait le commerce pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et se concentrer sur l'organe de règlement des différends, pilier fondamental de cette institution mondiale.
Ainsi, elle se montre confiante de "trouver un moyen de débloquer la division apparente" du côté commercial entre la Chine et les États-Unis, soulignant qu'il serait important de trouver des domaines d'intérêt mutuel et de renforcer la confiance au sein du système commercial de l'OMC.
"Ma vision est celle d’une OMC où une plus grande confiance entre les membres et un engagement renouvelé envers les objectifs et les principes fondamentaux permettent d’affronter les difficultés qui ont paralysé l’organisation au fil des ans", a relevé Mme Okonjo-Iweala lors de son grand oral devant les 164 membres de l’OMC.
Les problèmes actuels ne sont pas uniquement d'ordre technique, certains nécessitent des solutions politiques, estime cette ancienne ministre des Affaires étrangères et des Finances.
"Tout au long de ma carrière, j'ai été impliqué dans des négociations difficiles avec des enjeux politiques élevés, notamment des négociations d'allègement de la dette avec les clubs de Paris et de Londres", se félicite-t-elle.
Il s’agit, selon elle, de s’attaquer aux effets de distorsion des échanges découlant des mesures prises pour faire face à la pandémie de COVID-19 ou de trouver des solutions à l’impasse dans laquelle se trouve le règlement des différends.
"Ma vision est également celle d’une OMC revitalisée et renforcée pour progresser sur des questions telles que la pêche, l’agriculture et le commerce électronique tout en relevant de nouveaux défis dans les domaines de la santé publique", a-t-elle noté.
Ainsi, elle a pour objectif de négocier des moyens qui aideraient les pays en développement, à accroître leur participation au système commercial, à améliorer leur environnement politique et à faire en sorte que le commerce contribue fortement à leur développement durable et leur inclusion.
Soutenant la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), cette ancienne directrice de la Banque mondiale (2007-2011) estime que toute initiative multilatérale pour augmenter les échanges, et en particulier ceux entre pays du continent, est une bonne chose.
"Les négociations menées dans le cadre de la ZLECAF sont complémentaires à celles conduites au sein de l’OMC, qui peut aider le continent dans ce processus, souligne cette candidate nigériane, qui a pu obtenir le soutien de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Outre Mme Okonjo-Iweala, deux autres candidats africains sont en lice. La Kenyane Amina Mohamed et l’Egyptien Abdel-Hamid Mamdouh.
Le Mexicain Jesus Seade Kuri, le Moldave Tudor Ulianovschi et la Sud-coréenne, Yoo Myung-hee figurent aussi sur la liste des candidats pour succéder au Brésilien Roberto Azevêdo, qui a démissionné pour des raisons personnelles, un an avant la fin de son mandat.
La procédure de désignation du chef de l'OMC n'est pas une élection, mais un mécanisme consensuel qui fonctionne par élimination. Une "troïka", composée du président du conseil général (organe de décision suprême qui rassemble les membres de l'OMC), du président de l'organe de règlement des différends et du président de l'organe d'examen des politiques commerciales, supervise ce processus de sélection.
Le président du conseil général, en l'occurrence l'ambassadeur de Nouvelle-Zélande David Walker, sera chargé de recevoir les représentants des États pour leur demander où vont leurs préférences et tenter de déterminer quel candidat a le plus de chances de réunir un consensus.
Après cette phase de consultation, la "troïka" est chargée d'éliminer progressivement les candidats qui recueillent le moins d'adhésions.