Ce marché offre une très grande flexibilité pour la structuration de financements innovants dans le cadre du plan de relance économique, que ce soit en dettes ou en capitaux propres. D'ailleurs, l'un des exemples de ce fait est celui de la mise en place, au niveau de la Bourse de Casablanca, d'un marché alternatif dédié aux petites et moyennes entreprises (PME) et assorti de règles allégées, ainsi que de deux compartiments réservés aux investisseurs qualifiés et adaptés à la cotation des projets d'infrastructure.
"Dans le cadre de la mise en place d'un plan de relance économique ambitieux pour notre pays en application des Hautes Instructions Royales, le rôle du marché des capitaux est appelé à se renforcer davantage", a souligné la présidente de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), Nezha Hayat, dans une déclaration à la MAP.
En effet, a-t-elle poursuivi, le marché des capitaux peut constituer une source de financement complémentaire importante aussi bien pour les entreprises privées que publiques et peut drainer l'épargne grâce aux mécanismes d'appel public à l'épargne et de levée de fonds auprès d'investisseurs nationaux et internationaux.
Et d'ajouter: "Certains outils présentent un grand intérêt, à l'instar du marché de la dette privée, du marché alternatif dédié aux PME ou du compartiment réservé aux investisseurs institutionnels qui peut notamment répondre aux besoins de financement des projets d'infrastructures. D'autres mécanismes de financement innovants existent et offrent des solutions alternatives (green bonds, Organismes de placement collectif en immobilier, titrisation, etc.)".
Un écosystème qui tient le coup face à la crise
A l'image des autres marchés, le marché des capitaux marocain a subi des effets négatifs de la crise sanitaire tels qu'une baisse de la capitalisation boursière. Pour remédier à cette situation, un ensemble de mesures a été déployé afin de permettre le maintien de la confiance dans le marché, condition nécessaire pour son bon fonctionnement.
Plusieurs indicateurs positifs ont été observés depuis le déclenchement de la crise sanitaire, tels que la hausse des volumes de transaction conjuguée à la baisse de la capitalisation sur la Bourse pendant le mois de mars, suivie d'une relative stabilisation au cours d'avril et de mai. Techniquement, ceci indique que les acteurs du marché ont "absorbé" la correction du marché liée aux effets immédiats de la pandémie.
Un autre signe positif consiste en la résilience de l'industrie de la gestion collective qui a retrouvé un niveau d'actif net similaire à celui de décembre 2019 et a continué à drainer de l'épargne tout au long de la période de crise sanitaire (collecte nette de 9,54 milliards de dirhams entre février et mai 2020).
Il est aussi question du maintien du recours au marché des capitaux pour la levée de financements par les entreprises. L'AMMC a, en effet, autorité 10 émissions obligataires d'un montant total de plus de 10 MMDH entre mars et juillet et les levées sur le marché des titres de créances négociables (TCN) ont dépassé les 24 MMDH.
"En tant que régulateur du marché des capitaux, nous avons accompagné les acteurs et opérateurs du marché dans la mise en place de leurs plans de continuité d'activité afin d’assurer un fonctionnement normal de leurs activités respectives", a fait savoir Mme Hayat.
Et de soutenir: "Nous avons également veillé au maintien de la transparence des émetteurs qui ont respecté leurs obligations d'information malgré les conditions et ont pu répondre à la nouvelle obligation réglementaire de publication d'un rapport ESG (données environnementales, sociales et de gouvernance)". L'AMMC a aussi ajusté les seuils de variation quotidienne des cours en bourse afin d'atténuer les mouvements brusques des prix des actifs cotés.
Par ailleurs, Mme Hayat a souligné que "la crise que nous traversons va transformer la manière dont les investisseurs abordent le risque, en accordant plus d’importance aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance". A cet effet, le développement d'une finance responsable permettra de garantir une reprise économique plus durable et résiliente, a estimé la président de l'AMMC.
"Dès 2016, et conformément aux engagement pris lors de la COP22, dans le cadre de deux feuilles de route en vue de l'alignement du secteur financier marocain sur le développement durable et de l'émergence de la finance durable en Afrique, nous avons mis en place le cadre nécessaire au développement d’instruments verts et durables qui a permis le financement de projets structurants tels que les projets de centrales solaires, des bâtiments verts et des projets immobiliers à impacts sociaux et environnementaux", a-t-elle rappelé.
Dans le domaine de la responsabilité sociétale des entreprises, "nous avons introduit l'obligation réglementaire pour les émetteurs d'intégrer un rapport ESG dans leur rapport financier annuel, obligation à laquelle ils se sont tenus", a indiqué Mme Hayat.
Ledit rapport a pour vocation principale de renseigner les investisseurs sur les risques extra-financiers matériels et leur gestion par l'entreprise, aspects importants pour la prise de décisions d'investissement, a-t-elle expliqué.
Force de constater que le marché des capitaux, en particulier, et la finance de marché d'une manière générale, joueront un rôle important dans la réussite d'une relance tant attendue par l'ensemble des opérateurs de l'économie nationale.
Pour ce faire, le Maroc compte sur les acquis de ces dernières années qui ont été marquées par l'enrichissement de la palette d'instruments financiers disponibles en vue de répondre aux différents besoins des acteurs économiques, ainsi que par le renforcement de la transparence et de la gouvernance des acteurs du marché.
Il s'agit du dispositif régissant les OPCI, de la circulaire de l'AMMC relative aux opérations et informations financières et de la réforme de la Bourse de Casablanca qui ont été opérationnalisés en 2019.