Outre une analyse sous le titre "L'Algérie est sur un volcan", une phrase empruntée à Luis Martinez, directeur de recherche à Sciences Po CERI, le journal a consacré son éditorial au procès en appel qui s'est ouvert contre le journaliste Khaled Drareni, dont le sort, estime la publication "a aujourd'hui valeur d'exemple, et la simple liste des accusations portées contre lui est un scandale. Mais même s'il venait à être gracié, cela n'ôterait rien à l'épaisseur sombre de la forêt algérienne".
"Ce sera le verdict d'un échec", estime le journal. Rappelant que quatre ans de prison ferme ont été requis mardi en appel contre Drareni, le quotidien suisse relève que "la justice, et derrière elle l'ensemble du régime algérien, explique cette sévérité par le fait que Drareni est sorti de son rôle: plus qu’un journaliste, il serait devenu un dangereux militant, et ipso facto une menace pour «l’intégrité du territoire national»".
"Or, c'est là que le bât blesse. Le pays, dont la colère s'est cristallisée autour des manifestations pacifiques du Hirak, a été depuis longtemps dépouillé de toute opposition réelle, et privé de figures politiques capables de faire vibrer l'Algérie moderne qui manifeste sa colère dans les rues", souligne la publication.
Et d'ajouter que "si le jeune Khaled Drareni est devenu un emblème, il le doit certes à ses mérites propres, mais aussi au paysage de désolation politique – autant qu'économique – qu'offre encore l'Algérie malgré les promesses répétées de ses dirigeants".