Dans la dernière livraison de son magazine mensuel OMNIDEF ANALYSIS, le think tank rattaché à l’École supérieure de guerre (ESG) fait observer, dans un dossier spécial sur "les intérêts stratégiques Brésil-Maghreb", que le Maroc, fort d’une position stratégique centrale, d'une large côte atlantique et de terminaux portuaires stratégiques, représente un espace dont la stabilité est d’un grand intérêt pour le Brésil.
Ainsi, "le Royaume s’érige comme la locomotive de la construction d'un large pont géopolitique qui nous relie par la géographie et les intérêts communs", note l’analyse, signée Fábio Albergaria de Queiroz et Guilherme Lopes da Cunha, ajoutant que "nous sommes amenés à réfléchir sur la manière avec laquelle le Maroc a suivi, au cours des deux dernières décennies, une voie de consolidation de sa posture d'acteur régional important et de pôle de stabilité régionale".
Selon le think tank brésilien, le Maroc investit dans des partenariats stratégiques multisectoriels avec des acteurs clés tels que les États-Unis, la Russie, l'Inde et la Chine et, en Amérique latine, avec le Brésil.
Au niveau multilatéral, il a pris des initiatives tout aussi importantes : retour à l'Union africaine en 2017, partenariats spéciaux avec l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), organisation de la 22e Conférence des Parties (COP 22) sur le changement climatique et la Conférence mondiale sur les migrations en décembre 2018, outre la co-présidence du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF).
S'il est consolidé comme un "hub multirégional", les retombées de ces dynamiques menées par Rabat seront bénéfiques, non seulement pour le Maroc, mais aussi pour le Maghreb, estime le Centre d’étude stratégiques.
Les auteurs de l’article font observer toutefois que "persistent de nombreux défis, complexes et difficiles à résoudre, comme des tensions qui représentent un héritage indésirable remontant à la période coloniale".
Cependant, poursuit la publication, la dynamique amorcée et les actions entreprises par Rabat sont encourageantes et ouvrent la voie à une entente concertée, où les gains sont mutuels et profitables à tous, dans la perspective de résoudre les problèmes ayant empêché le plein développement du Maghreb, estime le Centre d’études.
Au delà, "le Brésil, porté par sa vocation maritime, reconnaît dans l'Atlantique une partie de ses intérêts stratégiques vitaux et, compte tenu du concept d'environnement stratégique, appréhende l'importance de la côte africaine, en vue de la consolidation de la conception stratégique du Brésil en matière de politique étrangère et de défense".
C’est dans cette optique que les atouts géopolitiques dont jouit le Maroc évoquent une synergie potentielle susceptible d'être mieux comprise et exploitée.
Par conséquent, il serait judicieux d’appréhender le Royaume comme un interlocuteur important qui représente la confluence entre la Méditerranée, le Monde Arabe et l'Afrique, ainsi qu’une zone d'intersection entre l'Atlantique Nord et Sud.
Tous ces éléments invitent à une analyse plus attentive sur le Maroc et sur les possibilités d'initiatives régionales pour faire émerger l'Atlantique comme espace de dialogue et de coopération autour du tryptique Sécurité- Défense-Développement.
Une telle perspective ouvre un espace aux acteurs clés de ce processus (le Maroc et le Brésil) à jouer un rôle dans la création d'une nouvelle identité atlantique. En ce sens, la vocation géostratégique de l'Atlantique et la viabilité de son potentiel de coopération doivent être envisagées dans une perspective plus large, conclut OMNIDEF ANALYSIS.