Un conseil de défense entièrement consacré à la pandémie a été convoqué, vendredi dernier, par le Président Emmanuel Macron, le deuxième en deux semaines, à l'issue duquel l'exécutif a de nouveau écarté tout retour au confinement généralisé à l'image de celui de mars dernier et dont les conséquences socio-économiques se font de plus en plus ressentir.
"Ce que je souhaite, c'est donner de la visibilité sur les prochaines semaines par les décisions de demain", a déclaré le chef de l’Etat français la veille de cette réunion. Certes, "le virus circule beaucoup", mais il faut "s’adapter à son évolution" et "être réalistes sans céder à quelque panique que ce soit", a insisté Emmanuel Macron.
Il faut "essayer de ralentir au maximum et de stopper la circulation" du virus avec les gestes barrières et "l'organisation de la vie sociale que nous devons adapter", tout "en permettant de continuer à vivre", a dit le chef de l'Etat français.
Alors que le Conseil scientifique, instance mise en place par M. Macron pour aider le gouvernement dans la prise des décisions en relation avec la pandémie, presse l’exécutif de « prendre des mesures difficiles » dans les jours à venir pour éviter une 2ème vague qui pourrait être plus mortelle, le gouvernement a rejeté, pour la énième fois, l’idée d’un reconfinement total du pays à l’image de celui de mars dernier, car cela serait catastrophique pour l’économie, appelant au « sens des responsabilités des Français ».
Face à une "dégradation manifeste" de la situation sanitaire avec une augmentation des cas de contamination et du nombre des patients admis en réanimation, le gouvernement a écarté la "logique de confinement généralisé", privilégiant des mesures prises localement, selon la situation de chaque département.
"La situation fait apparaître une dégradation manifeste" et "tout confirme que le virus n'a pas baissé en intensité", a déclaré le Premier ministre Jean Castex après la tenue du Conseil de défense. Mais l'essentiel des mesures "ne doivent pas se décider depuis Paris dans l'idée de s'appliquer partout au même moment et de la même manière", a-t-il préconisé.
Ainsi au terme de cette réunion, aucune nouvelle mesure d'interdiction n'a été prise et peu d'annonces concrètes ont été faites au plan national. La principale reste la réduction de la durée d'isolement à 7 jours pour les cas positifs et leurs contacts, recommandée par le Conseil scientifique car la durée actuelle de 14 jours n'était pas suffisamment respectée.
Selon Jean Castex, qui a déploré une "forme de relâchement" des populations lors de la période estivale, la solution "la plus simple et la moins contraignante" consiste à appliquer les gestes barrière et à respecter la distanciation physique, le lavage régulier des mains et le port du masque afin d’éviter un "reconfinement généralisé".
L’autre pilier de la stratégie du gouvernement français pour enrayer l’épidémie est de dépister massivement et casser les chaînes de transmissions. La France réalise plus de 1 million de tests par semaine, ce qui en fait "le troisième pays qui teste le plus", et aspire à augmenter la cadence.
A cet égard, le Conseil de défense sanitaire a décidé de renforcer les circuits dédiés de dépistage pour renforcer le traçage et réduire les délais d'attente à travers deux mille recrutements supplémentaires au sein de l’assurance maladie et les agences régionales de santé.
"Face à cette épidémie, notre stratégie ne varie pas: lutter contre le virus, en évitant de devoir mettre entre parenthèses notre vie sociale, culturelle, économique, l'éducation de nos enfants et notre capacité à vivre normalement", a dit le chef du gouvernement français.
"Le virus est là pour quelques mois encore et nous devons réussir à vivre avec lui sans nous laisser entraîner à nouveau dans une logique de confinement généralisé", a-t-il plaidé, alors que le confinement du printemps a eu de lourdes conséquences sur le plan socio-économique, bien qu’ayant réussi à éviter la saturation du système hospitalier.
L’exécutif Macron a donc écarté l'idée d’un reconfinement général qui pourrait avoir de graves incidences socio-économiques.
Le gouvernement, qui espère faire mieux en 2020 que les -11% de récession prévus pour le moment, maintient l'objectif de retrouver en 2022 le même niveau de développement économique qu'avant la pandémie.
C’est pour concrétiser ce vœu qu’un ambitieux plan de relance de 100 milliards d’euros vient d’être lancé par l’équipe gouvernementale pour doper une économie mise à genou par la pandémie de Coronavirus.
Voulu par le Président Emmanuel Macron et préparé depuis trois mois par Bercy, la stratégie «France Relance» a pour ambition d’engager le pays dans une ambitieuse stratégie économique pour préparer la France de 2030.
Cette stratégie s’ordonne autour de trois grands axes. Le premier porte sur la transition écologique à hauteur de 30 milliards avec notamment 6,7 milliards pour la rénovation énergétique des bâtiments et 7 milliards d’ici 2030 pour faire de la France un pays de pointe sur l’hydrogène vert. Le deuxième axe se veut "un plan de réarmement industriel" pour la France. Doté de 35 milliards d'euros, il portera notamment sur la baisse des impôts de production avec 20 milliards sur deux ans et la relocalisation de filières stratégiques à hauteur d’un milliard d’euros comme la santé ou l’agroalimentaire. Quant au troisième axe à hauteur de 35 milliards d’euros, il visera à renforcer la cohésion sociale et territoriale.
Les 100 milliards d'euros nouvellement annoncés viennent s’ajouter aux 460 milliards déjà engagés en mesures sectorielles et de soutien à l'économie depuis le début de l'épidémie. L’objectif du gouvernement est d’accélérer, sur deux ans, la reprise et la transformation de l'économie française, fortement impactée par la pandémie du nouveau coronavirus.
Une gageure que seuls les prochains mois vont pouvoir confirmer ou infirmer au vu de l'évolution de la situation. Mais le gouvernement demeure confiant de pouvoir renverser la situation et de faire sortir le pays de la crise économique.