Brasília - L’initiative du Maroc de réunir les protagonistes libyens autour de la table de dialogue consacre le rôle du Royaume dans la stabilité régionale, a indiqué l’universitaire brésilien, Dr. Fábio Albergaria de Queiroz.
"La situation actuelle de la Libye est un élément qui évoque l'instabilité dans la région du Maghreb", a estimé l’expert en relations internationales dans un entretien à la MAP, ajoutant qu’"après les actions proactives réussies du Royaume dans des domaines sensibles comme l’immigration, la lutte contre le terrorisme et le changement climatique, l'initiative du Maroc d’organiser une table de négociations entre les belligérants libyens consolide le rôle et le leadership de Rabat en tant que porte-voix de la stabilité régionale".
D’autre part, le professeur adjoint à l’Ecole supérieure de guerre (ESG), relevant du ministère brésilien de la Défense, a évoqué la question du Sahara marocain, notant que vu la complexité de cette affaire qui dure depuis des décennies, la proposition d'autonomie est une option devant faire l’objet d’implication et d’examen par toutes les parties.
"En effet, cette option peut ouvrir un espace pour la solution politique d'un conflit régional qui a, entre autres, freiné l'intégration maghrébine dans les chaînes de production internationales. Cela signifie également qu'une solution concertée est essentielle pour surmonter cet héritage conflictuel indésirable qui remonte à la période coloniale et qui a empêché le plein développement de la région", a-t-il insisté.
"Le soutien de pays importants à l’initiative marocaine, qui continue de croître, reflète non seulement la volonté d’apporter des réponses durables et efficaces, mais aussi que la voie des négociations adoptée par la diplomatie marocaine a eu les résultats escomptés", a affirmé le professeur brésilien.
L’auteur d’une chronique parue récemment dans le magazine brésilien OMNIDEF Analysis sous le titre "le Maghreb et les intérêts stratégiques du Brésil" a fait observer que les documents importants dans le domaine de la défense au Brésil (politique de défense nationale et stratégie de défense nationale) désignent l'Atlantique et la côte ouest de l'Afrique comme des domaines prioritaires, "ce qui nous oblige à considérer le Maroc comme un partenaire naturel et stratégique".
M. De Queiroz a relevé que "l'Atlantique, de point de vue pragmatique, unit les deux pays dans le partage d'une identité commune et dans la construction d'un espace de développement, de paix et de stabilité où les gains sont mutuels et profitables à tous".
Dans ce sillage, il a rappelé la visite effectuée en 2019 au Brésil par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains Résidant à l’étranger, Nasser Bourita, qui a permis, selon lui, de poursuivre la construction d'un partenariat stratégique sur la base d’un cadre juridique assez large : défense, investissements, justice, sécurité, connectivité aérienne, commerce, entre autres.
Interrogé sur les scénarios des prochaines élections locales au Brésil et à quel point pourraient reconfigurer les rapports de force politiques, l’expert brésilien a souligné que sans aucun doute, ces échéances seront un test important de la popularité du président Jair Bolsonaro (droite) au milieu d'une rude épreuve avec la communauté internationale en raison, par exemple, du nombre élevé de décès causés par le COVID-19 et des accusations de laxisme du gouvernement en matière de protection de l’environnement.
La capacité de Bolsonaro à construire une base de soutien politique dans les municipalités sera un bon indicateur pour les prochaines élections présidentielles de 2022, a-t-il expliqué, précisant que les résultats détermineront également le maintien ou le changement des politiques du gouvernement dans des domaines sensibles tels que la santé, l'environnement, la réforme fiscale et l’économie.
"Comme l'opposition est encore timide dans la présentation d'alternatives, le scénario politique au Brésil est très incertain et peut changer en fonction des réponses aux défis qui se présentent", a conclu M De Queiroz.