Le thème de cette année, "Parlons de la démence", a pour objectif d'encourager tout un chacun à comprendre l’importance de reconnaître l’Alzheimer comme une maladie, laquelle serait à l’origine de 60% voire 70% des cas de démence, constituant ainsi sa cause la plus courante, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Par ailleurs, plus de 35,6 millions de personnes sont touchées par cette maladie et chaque année, l'on dénombre 7,7 millions de nouveaux cas, d'après les derniers chiffres fournis par l'OMS, qui prévient que le nombre de malades devrait presque doubler tous les 20 ans.
Au Maroc, l'on serait à 150.000 personnes atteintes par l'Alzheimer, a fait savoir dans une déclaration à la MAP, Nada Benkirane, neurologue à Tanger.
Toutefois, arrêter un chiffre exact des malades est "très compliqué" dans notre contexte, en raison de l'absence d'un circuit de soins codifié impliquant médecins généralistes, spécialistes, intervenants paramédicaux et aides sociales, a-t-elle affirmé.
"Les patients errent pendant plusieurs années avant de pouvoir obtenir un diagnostic de démence", a relevé la neurologue, expliquant que ce dernier est dans une large proportion de cas porté à un stade où il est "impossible" de distinguer l'Alzheimer des autres types de démence.
"Il va de soit qu'à ce stade, les chances de voir le patient s'améliorer sous traitement sont moindres et l'apport des techniques de réhabilitation est quasi-nul", a-t-elle constaté.
S'agissant de la gestion des cas tardivement diagnostiqués, Mme Benkirane indique qu'elle est "difficile" pour le neurologue, mais aussi et surtout pour l'aidant et l'entourage familial, notamment en cas de perte significative d'autonomie et après apparition des troubles du comportement.
En revanche, le diagnostic précoce demeure un élément central pour un accompagnement adéquat du patient et de son aidant dans les différentes phases de la maladie, estime-t-elle, ajoutant qu'au Maroc, "nous ne disposons pas de toutes les techniques nécessaires au diagnostic précoce", mais l'on est "capables", en combinant "imagerie par résonance magnétique morphologique, bilan biologique et surtout des tests neuropsychologiques", de diagnostiquer les patients aux stades précoces où la réhabilitation et la prise en charge pharmacologique permettent de ralentir le déclin cognitif.
Quant à l'impact de la pandémie de la Covid-19 sur les personnes atteintes par la maladie, Mme Benkirane a fait remarquer que cette "période n'a bien évidemment rien arrangé à la situation", expliquant que l'une des bases de la prise en charge non pharmacologique du patient Alzheimer est de garder une activité physique régulière et une exposition constante aux stimuli extérieurs.
"Le confinement a supprimé ces petits plaisirs et a fait que les plaintes pour états d'agitation, insomnies, confusion, apathie et retrait se sont multipliés", a-t-elle souligné, notant que les patients, "du fait de leur âge et de leur terrain polypathologique ont vu leurs consultations habituelles remplacées par des consultations téléphoniques de renouvellement d'ordonnance et d'évaluation générale très approximative".
En effet, l'Alzheimer est une maladie dégénérative du cerveau qui dégrade lentement ses neurones, et bien qu'elle soit plus fréquente chez les personnes âgées - plus de 60 ans -, elle peut parfois se manifester entre 30 et 60 ans.
Selon Alzheimer's Disease International (ADI), une fédération internationale de 102 "associations Alzheimer" dans le monde, il faut environ 20 ans avant qu'un patient atteint de l'Alzheimer ne commence à présenter des symptômes.
Si la cause exacte de la maladie d'Alzheimer demeure toujours inconnue, certains facteurs peuvent augmenter le risque de la développer comme, entre autres, le vieillissement, les antécédents familiaux, le mode de vie ou encore d'autres maladies comme la dépression ou l’hypertension.