La pandémie, qui n’épargne aucun pays depuis le début de l’année, a plongé le monde dans une crise sans précédent depuis la création de l’ONU en 1945. Une situation qui n’est pas sans rappeler un monde terrassé par les horreurs de plusieurs années de combats au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
"En cette année du 75è anniversaire, nous sommes confrontés à notre propre moment de 1945. Nous devons être à la hauteur du moment. Nous devons faire preuve de solidarité et d’unité comme jamais auparavant pour surmonter l’urgence d’aujourd’hui, remettre le monde en mouvement, travailler et prospérer à nouveau, et défendre la vision de la Charte" de l’ONU, a estimé Antonio Guterres, le Secrétaire général de cette organisation internationale qui compte actuellement 193 Etats membres.
Ce plaidoyer du chef des Nations-Unies résonne comme un appel urgent aux Etats membres, notamment les grandes puissances, pour embrasser à nouveau le multilatéralisme et la coopération internationale afin de venir à bout de la pandémie et de la crise socio-économique mondiale qu’elle a provoquée.
A l’occasion de la cérémonie qui se tient au siège de l’Assemblée générale de l’ONU à New York pour marquer ce 75è anniversaire historique de l’organisation, avec la participation virtuelle des chefs d’Etat et de gouvernement et des représentants des Etats membres, Antonio Guterres devra ainsi plaider pour "un multilatéralisme de réseau" impliquant le système des Nations-Unies, les institutions financières internationales et les organisations régionales.
Car pour M. Guterres, un "multilatéralisme inclusif" reste tout aussi nécessaire, avec l’implication effective de la société civile, des villes, du monde des affaires, des autorités locales et des jeunes.
En effet, pour marquer ses trois quarts de siècle d’existence, l’ONU avait lancé au début de l’année une "conversation mondiale" qui a touché plus d’un million de personnes à travers le monde, avec une attention particulière sur l’opinion des jeunes. Les conclusions de ce sondage montrent que pour les habitants de la planète, la coopération internationale reste fondamentale pour faire face aux défis actuels.
Ainsi pour les milliers de personnes sondées, la Covid-19 a fait de la solidarité mondiale une nécessité impérieuse, et le monde a besoin de couvertures médicales universelles et de services de base pour tous.
Les populations à travers le monde s’inquiètent aussi de la crise climatique, de la pauvreté, des inégalités, de la corruption et du racisme systémique ainsi que de la discrimination basée sur le genre, selon l’enquête onusienne.
Autant de problématiques et de préoccupations qui sont inscrites au cœur de l’action du système des Nations-Unies et, qui, de ce fait, rendent son action et ses initiatives encore plus pertinentes.
De ce fait, la cérémonie marquant le 75è anniversaire des Nations-Unies sera marquée par l’adoption par l’ensemble des Etats membres d’une importante Déclaration reconnaissant "la légitimité, la puissance de rassemblement et le pouvoir normatif" singuliers de l’ONU.
"Il n’en existe pas d’autre (organisation) qui puisse donner à autant de personnes l’espoir d’un monde meilleur et faire que l’avenir que nous voulons se réalise. Il a rarement été aussi vital que tous les pays se rassemblent pour tenir la promesse des Nations-Unies", lit-on dans le texte de cette Déclaration.
La communauté internationale reconnait aussi que les difficultés auxquelles le monde est confronté "sont toutes liées les unes aux autres et ce n’est que dans le cadre d’un multilatéralisme revitalisé que nous parviendrons à les surmonter".
Par conséquent, les Etats membres affirment adhérer à une série d’engagements en vertu de cette Déclaration, notamment pour "ne laisser personne de côté", "protéger la planète", "promouvoir la paix et prévenir les conflits", "respecter le droit international et faire régner la justice", "attribuer une place centrale aux femmes et aux filles", "améliorer la coopération numérique" et "moderniser l’organisation des Nations-Unies".
La 75è session de l’Assemblée générale, qui s’est ouverte officiellement la semaine dernière, se tient sous le thème «Le multilatéralisme et l’avenir que nous voulons».
Le Débat général marquant le segment de haut niveau des sessions annuelles de ce forum mondial, qui débute mardi, sera virtuel cette année, les chefs d’Etat et de gouvernement ne pouvant se déplacer à New York en raison de la pandémie.