1. En quoi consiste le métier de l'architecte d'intérieur et quel est son essor au Maroc ?
L'architecte d'intérieur à pour mission d'esthétiser toutes les superficies intérieures conformément à un idéal de beauté spatiale, faire des conceptions architecturales qui doivent assurer le confort de l'espace, sur la base d'un jeu subtil des lumières, des décors, de la disposition des mobiliers et du volume de chaque espace, en plus d'avoir la possibilité de faire la décoration et le design.
Il peut par exemple, déplacer une cloison, agrandir un couloir, créer une pièce supplémentaire. Il intervient sur le gros œuvre, mais pas seulement ! il peut également se charger de la décoration proprement dite. Il a pour rôle de concevoir l'espace jusqu'à son terme et doit penser à la façon de le consommer et de l'habiter.
Il doit aussi réfléchir à la construction du volume, à la circulation de la lumière, aux matières mais peut aussi mettre en espace des meubles qu'il a dessinés lui-même, "ce qui est impressionnant".
Le secteur de l'architecture d'intérieur est en plein essor au Maroc, depuis plusieurs années déjà, notamment à une époque où tout devient digitalisé et où les segments créatifs prennent le dessus sur les domaines conventionnels.
2. Positionnement de l'architecture d'intérieur marocaine au niveau arabe et à l'international ?
L'architecture d'intérieur marocaine a toujours eu une place assez privilégiée en Afrique. Le Maroc, de part son histoire, son art de vivre, sa gastronomie et son artisanat, a toujours su faire sa place en Afrique en matière d'architecture d'intérieure et dispose de tous les atouts pour ça, d'ailleurs il est considéré parmi les pays les plus dynamiques en la matière, sur le continent.
Le pays est doté d'une diversité et d'une richesse culturelle et civilisationnelle de taille, datant de plusieurs siècles, à même de l'ériger en modèle singulier et c'est cette richesse même, qui fait que les grands designers internationaux se sont toujours inspirés du Maroc et viennent faire leurs projets ici.
3. Selon vous, qu'est ce qui pourrait favoriser le développement de ce secteur au Maroc ?
Il faut noter que le Maroc dispose de profils nationaux très performants en termes d'architecture, mais dont la compétence n'est pas vraiment exploitée.
Nous avons ce "complexe de l'étranger" qui règne à ce jour dans ce secteur et qui peut être démotivant pour plusieurs professionnels du domaine. J'estime donc, que le moyen le plus sûr de favoriser l'émancipation et le développement de ce métier est de donner la chance aux marocains, notamment dans ce contexte de crise sanitaire, où la compétence marocaine devrait être au centre de l'attention.
En effet, la non-réglementation de ce secteur, qui ne dispose toujours pas de représentativité (fédération, groupement, association, etc) gêne son développement. Il existe énormément d'architectes d'intérieurs non diplômés, qui exercent le métier et font de la concurrence déloyale, d'où la nécessité de se regrouper en cadre juridique reconnu à l'échelle nationale, en vue de faciliter le développement de la profession.
Je me permets de citer l'exemple d'un pays africain bien organisé en matière de réglementation, en l'occurrence la Tunisie, qui dispose de chambres syndicales des architectes d'intérieur par région, ce qui demeure fascinant et surtout inspirant.
Je tiens, par ailleurs a souligner que l'architecture d'intérieur n'est pas uniquement un axe de création, mais c'est tout un écosystème. Quand un architecte est appelé à faire un projet, il rencontre le donneur d'ordre qui lui expose son projet et ses divers attentes. Il est spécialisé et va dans le détail du projet qu'il conçoit de A à Z. L'architecte d'intérieur se doit donc être très créatif, se montrer à la pointe des tendances, avoir un savoir faire, mais aussi tenir compte des différentes contraintes techniques budgétaires et stratégiques liées au métier.