Bien plus qu’un loisir, c’est une véritable passion des ondes qui anime quelque 3 millions de radioamateurs à travers le monde. Plusieurs d’entre eux étaient réunis, récemment, dans une salle du Théâtre Mohammed VI d’Oujda, pour une manifestation spéciale de radio-amateurisme organisée à l’occasion du 45ème anniversaire de la Marche Verte.
«L’appareil n’est qu’un moyen, l’important est de communiquer», dit Kassem El Kaoukabi, radioamateur de longue date. Pourtant, lorsqu’on l’entend parler de radio-amateurisme, on se rend compte que cette passion représente, pour lui et pour la communauté de radioamateurs des quatre coins du monde, bien plus qu’un simple canal de télécommunication.
«Malheureusement, l’adjectif +amateur+ ne permet pas de refléter l’importance réelle du radio-amateurisme, il serait plus judicieux de parler de +station expérimentale+. Il faut savoir que 80 à 90 pc des technologies et techniques de la radio ont été développées par des radioamateurs», fait remarquer M. El Kaoukabi, membre de l’Association royale des radioamateurs du Maroc (ARRAM), organisatrice de cet évènement en collaboration avec l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT), la direction régionale de la Culture et la Wilaya de l’Oriental.
En effet, depuis que Marconi a commencé à appliquer les ondes aux communications, réussissant en 1899 la première communication télégraphique transmanche par ondes hertziennes et, deux ans après, la première liaison transatlantique (3.400 kilomètres), les techniques de la radio n’ont cessé d’évoluer grâce aux expérimentations des radioamateurs.
Il faut dire que la vaste communauté d’amateurs de radio répartis à travers le monde, a été un réel atout pour échanger, partager les expériences et les expertises, et donc innover.
Et le radio-amateurisme a une vraie fonction essentielle, en dehors du simple échange et partage. «Il ne faut pas oublier que la radio a été inventée d’abord pour assurer la sécurité humaine, à la suite des catastrophes naturelles et autres évènements extrêmes. Dans ces circonstances particulières, où les infrastructures de télécommunication et électriques se trouvent détruites ou inutilisables, les radioamateurs apportent une aide cruciale pour lancer l’alerte, donner des informations de grande importance et contribuer à la coordination des secours», explique M. El Kaoukabi dans une interview à la MAP.
Un rôle que les radioamateurs marocains ont déjà joué par le passé, après des catastrophes naturelles comme les séismes d’Agadir (1960) et d’Al Hoceima (2004), mais aussi lors de sinistres survenus à l’étranger. N’ayant besoin que d’un poste émetteur-récepteur facilement transportable, d’un petit générateur électrique et d’une antenne rudimentaire, ils sont capables d’intervenir rapidement et d’apporter une aide cruciale.
«Le radio-amateurisme n’est vraiment pas coûteux, il suffit d’investir dans un poste émetteur-récepteur dont les prix oscillent entre 8.000 et 10.000 dh, mais dont la durée de vie est d’au moins 10 ans. Il faut aussi bien entendu suivre une formation et obtenir l’autorisation des autorités et de l’ANRT. Une fois que c’est fait, on peut utiliser sa station pour communiquer, faire des recherches, apprendre des langues, connaitre d’autres pays et d’autres cultures sans quitter ton domicile», a-t-il dit avec enthousiasme.
Pas étonnant donc que les radioamateurs se comptent, depuis l'invention de la radio, par millions, dont des scientifiques, des chercheurs, des artistes mais aussi des personnalités politiques et des célébrités à travers le monde. Mais dans cette communauté à part tout le monde est égal, tout le monde se tutoie et chaque radioamateur dispose d’un indicatif particulier, seule carte d’identité qui compte ici.
Pour ce qui est des sujets discutés par les radioamateurs, M. El Kaoukabi précise que les communications radio peuvent porter sur tous les thèmes à l’exception de trois domaines, prohibés : la politique, la religion et le commerce ou la publicité. L’activité du radio-amateurisme est totalement bénévole et/ou désintéressée.
Parmi les activités auxquelles s’adonnent les radioamateurs, faire connaitre leurs pays, leur histoire et leur culturelle auprès de radioamateurs de tous les continents.
C’est précisément ce qu’ont fait les membres de l’ARRAM réunis à Oujda, qui ont effectué, lors de cette manifestation qui a duré près d’une semaine, environ 5.000 contacts avec des radioamateurs du monde entier, avec pour thème principal l’épopée de la Marche Verte, son histoire et ses réalisations.
Pour l’occasion, un indicatif spécial, «CN45MS», a été créé. Il est aussi possible de découvrir les activités de cette manifestation et les radioamateurs participants sur le site spécialisé «www.qrz.com», en suivant le lien «www.qrz.com/db/CN45MS».
Les radioamateurs, venus de différentes régions du Maroc, ont en aussi profité pour faire connaitre la région de l’Oriental, hôte de cette édition, et aborder ses différents atouts et potentialités touristiques et économiques.
Ils espèrent, par là même, promouvoir le radio-amateurisme et les techniques de transmission dans la région, pour accueillir dans leurs rangs davantage de mordus de la radio.