Située dans la vallée de l'Oued Martil, à une dizaine de kilomètres de la mer Méditerranée, la ville de Tamuda s'est développée aux pieds des montagnes Ghomara de la chaîne rifaine et constitue l'un des plus importants anciens sites archéologiques situés au Nord du Maroc, qui ne cesse d'impressionner les spécialistes par son cadre naturel merveilleux et ses vestiges archéologiques inédits, qui plongent le visiteur dans une ambiance antique et un lieu chargé d'histoire et de mystères.
Plusieurs chercheurs ont essayé d’identifier l’emplacement de la ville de Tamuda, mais c’est au chercheur espagnol César Luis de Montalban que revient la découverte de la ville en 1921. Dès lors, les fouilles archéologiques se sont poursuivies sur le site par des chercheurs marocains et espagnols.
"Ces fouilles archéologiques ont mis à jour des vestiges appartenant à deux périodes historiques: l'époque Maurétanienne, à laquelle appartiennent les vestiges d’une ville qui s’étendait au moins sur une superficie de 5 hectares, et la période Romaine", a déclaré à la MAP le conservateur du site, Tarik Moujoud, précisant que la ville maurétanienne a connu deux massives destructions durant son existence, dont la première est située vers l'année 38 av. JC et la deuxième vers l'année 40 de notre ère, qui s’est révélée définitive et la ville fut abandonnée pour toujours.
Au-dessus des ruines de la ville Maurétanienne, l’Armée romaine a construit un camp militaire, dont les chercheurs situent la date de construction vers le milieu du 1er siècle de notre ère, a précisé M. Moujoud, notant que le camp, composé notamment d'un centre de commandement, de thermes romains et de quartiers résidentiels pour les soldats, a été doté de quatre portes s’ouvrant sur les quatre points cardinaux, et défendu par une enceinte massive et 20 tours semi-circulaires.
La ville de Tamuda, dont l'appellation vient du mot amazigh "Tamda" qui désigne étang ou marais, a connu un développement remarquable et su perfectionner un artisanat local, comme la poterie, la forgerie et l’orfèvrerie, ainsi que la frappe de monnaie, en plus de la céramique, qui constitue une grande partie du matériel archéologique trouvé, a-t-il fait savoir, notant que la proximité de la ville de la mer a favorisé les échanges commerciaux avec la péninsule ibérique et d’autres contrées de la Méditerranée via son port fluvial.
Le classement du site archéologique de Tamuda sur la liste du Patrimoine national en 2005 est considéré comme étant la première étape entreprise par le ministère de la Culture, en vue de conserver et de mettre en valeur ce patrimoine remarquable.
Par la suite, le ministère a, en partenariat avec ses partenaires locaux et internationaux, lancé le projet de Plan stratégique (2008-2011), qui s'assigne pour objectif d'analyser les structures archéologiques du site et de réaliser des études pour promouvoir la restauration et la mise en valeur de ce joyau archéologique.
En 2009, le ministère a lancé le programme de restauration et de réhabilitation de ce site historique, qui a été marqué notamment par la création d'une conservation du site, composée de bureaux administratifs, une bibliothèque, une salle de conférence et un laboratoire de recherche, et mis en oeuvre des projets de restauration des remparts et portes du camp militaire romain, comme ceux de restauration des portes Sud (2015) et Ouest (2016), ainsi que de la porte Nord et certaines structures archéologiques au quartier sud de la ville maurétanienne durant la période 2018-2020.
A cela s'ajoute le lancement de plusieurs programmes de recherche, visant à mettre à jour les données historiques du site de Tamuda, et des projets d'aménagement du circuit de la visite et d'installation des panneaux signalétiques dans la ville maurétanienne et le camp militaire romain.
M. Moujoud a, par ailleurs, souligné que les fouilles archéologiques se sont poursuivies, de 2008 à 2019, au site de Tamuda, et ce dans le cadre de plusieurs coopérations internationales entre le ministère de la Culture, la Direction du patrimoine culturel, l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine et des universités espagnoles, dont celles de Cadix, Grenade et de Huelva.
Ces fouilles ont permis de dévoiler de nouvelles données, dont la découverte de thermes romains au quartier Est de la ville maurétanienne et l'affirmation de l'hypothèse selon laquelle les Romains avaient réutilisé des quartiers de la ville maurétanienne détruite, a-t-il relevé.
Evoquant l'importance économique du site de Tamuda, qui a ouvert ses portes au public en 2011, le responsable a assuré qu'il contribue grandement à la promotion d'un développement durable local et au renforcement de la prise de conscience quant à la richesse du patrimoine archéologique que recèle la région, à travers la mise en place de partenariats avec des établissements scolaires publics et privés, visant à organiser des ateliers au profit des élèves, en vue de les rapprocher de l'histoire et des vestiges archéologiques qui se trouvent dans le site, ainsi que de leur apprendre les techniques et les méthodologies de la recherche archéologique et de la conservation du patrimoine archéologique.
Et pour valoriser davantage ce riche patrimoine archéologique dont regorge la province de Tétouan, et renforcer son rayonnement aux niveaux local, national et international, M. Moujoud a souligné la nécessité de faire participer activement les différents acteurs locaux, en particulier les administrations et les autorités locales, et les instances élues, aux projets de développement visant à donner une nouvelle impulsion à la mise en valeur des potentialités archéologiques et culturelles de ce joyau unique.
Plus encore, le conservateur du site archéologique de Tamuda a appelé à insérer la visite du site dans les programmes scolaires et dans le circuit touristique de la ville de Tétouan, ainsi qu'à renforcer l'investissement dans la restauration et la réhabilitation des structures du site et de ses zones voisines.