Dans ce pays dont le bilan carbone, avec ses 12 millions d’habitants, est équivalent à celui de la capitale française, les catastrophes environnementales et saisonnières tuent annuellement des centaines de personnes et provoquent des conséquences matérielles dévastatrices.
Le lourd impact du dérèglement climatique sur le pays des mille collines a fait de Kigali l’un des plus grands défenseurs de l’Accord de Paris sur le climat. Après avoir, récemment, déposé sa deuxième "contribution nationale déterminée" (NDC) à l’Accord de Paris auprès de la Convention cadre des Nations unies sur le climat, le pays vient d’annoncer son ambition de réduire considérablement ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport au scénario jusqu’alors anticipé.
"Nous avons l'intention de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 38% d'ici 2030, par rapport au scénario jusqu’alors anticipé", a lancé le président rwandais, Paul Kagame, lors du «Sommet de l’ambition pour le climat», tenu samedi dernier par visioconférence.
Pour atteindre cet objectif, le Rwanda mise sur l’efficacité énergétique, l'urbanisation verte, la gestion des déchets, l’éco-agriculture, la conservation de la nature et la résilience économique, entre autres, a expliqué le chef de l’Etat au cours de ce sommet virtuel, organisé par les Nations Unies, le Royaume-Uni et la France, cinq ans après l’Accord de Paris pour prendre de nouveaux engagements contre le réchauffement climatique.
Le Rwanda estime que son action environnementale permettra de réduire les émissions de GES d’environ 4,6 millions de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone, a précisé le président Kagame, soutenant que les solutions basées sur la nature offrent un meilleur retour sur l’investissement, notamment en termes de réduction du carbone et protection de la biodiversité.
Les efforts du Rwanda visant à réduire de 38% ses émissions de GES d'ici dix ans s’inscrivent dans le cadre de la stratégie de croissance verte et d’adaptation au changement climatique adoptée par le gouvernement rwandais.
Les autorités rwandaises évaluent le coût de ce plan à 11 milliards de dollars (10 milliards d’euros) sur une décennie. La moitié serait financée sur des ressources domestiques et l’autre moitié devrait être prise en charge par des bailleurs étrangers.
La feuille de route climatique du Rwanda pour la décennie qui commence comprend notamment un programme de 115,9 millions de dollars pour le reboisement, la reforestation et la gestion des ressources forestières, un programme de 185 millions pour la lutte contre les maladies induites par le changement climatique et un projet de 10 millions de dollars destiné à doter le pays d’un système d’alerte aux événements climatiques extrêmes.
Figurent également un projet d’une valeur de 59 millions de dollars visant l’adoption de méthodes et techniques minières moins émettrices de CO2, un projet de 8 millions de dollars pour la mise en place d’usines de valorisation énergétique des déchets, ainsi qu’un programme d’envergure pour le renforcement de la sécurité nationale de l’eau via des pratiques de conservation de l’eau, de restauration des zones humides, de stockage de l’eau et d’utilisation efficace de l’eau.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, Kigali plaide sans cesse pour que l’épidémie ne dissimule pas les efforts de lutte contre le dérèglement climatique qui pèse, année après année, sur l’économie rwandaise et les communautés vulnérables.
"Le monde doit travailler avec l’esprit de coopération dont il fait preuve dans la réponse à la pandémie s’il veut que les promesses de l’Accord de Paris soient tenues et que les générations futures vivent dans un environnement soutenable. Pour cela, chaque pays doit réduire ses émissions polluantes et faire preuve de coopération", insiste la porte-parole du ministère rwandais de l’Environnement.