Outre un bilan lourd d'environ 59.000 décès des suites de l'épidémie, un chiffre qui risque d'augmenter au cours des prochaines semaines avant le déploiement des vaccins dans l'espoir de stopper les pertes en vies humaines, l'Institut italien de statistique (ISTAT) a brossé un tableau sombre de la décroissance démographique dans le pays qui fait face à une baisse de la population sans précédent depuis 150 ans.
Les raisons ayant conduit et accentué cette grave crise démographique qui sévit dans la société italienne sont diverses, notamment une augmentation de l'âge moyen de la maternité et une migration croissante des jeunes vers d'autres pays européens à la recherche d'opportunités d'emploi, selon l'Institut national des statistiques, qui a indiqué qu'environ 157.000 personnes ont quitté le pays en 2019, mais la pandémie de coronavirus a eu un impact sévère en exacerbant la crise.
En effet, la crise épidémique de Covid-19 a eu un impact négatif sur les taux de fécondité en Italie, selon les données présentées par le chef de l'Institut ISTAT au Parlement, qui a indiqué que le taux de natalité dans ce pays européen a baissé à 408.000 en 2020 et devrait atteindre son plus bas niveau en 2021 (393.000), alors qu'il se situait l'année dernière à 420.000 nouvelles naissances, soit une baisse de 5.000 par rapport à 2018.
Le chef de l'Institut italien, Jean Carlo Blangiardo, a expliqué que "les effets de la diminution de la population qui frappe l'Italie depuis 2015 sont visibles, entrainant un déclin sans pareil dans l'histoire de l'Italie, hormis la période de 1917-1918 de la Première Guerre mondiale et les conséquences tragiques de l'épidémie de la grippe espagnole".
Pour Carlo Blangiardo, "le climat qui règne d'inquiétude et les difficultés financières (...) résultant des récents développements affectent négativement les taux de fécondité."
Peu de temps après l'annonce de ces déclarations, le président de la République italienne, Sergio Mattarella, a mis en garde contre un «danger existentiel» auquel son pays était confronté. Le président italien a fait observer que "c'est un problème lié à l'existence même de notre pays (...) le tissu social de notre pays s'affaiblit et aucun effort ne doit être épargné pour faire face à ce phénomène".
«En tant que personne âgée, je suis bien conscient du faible taux de natalité», a ajouté le président de 78 ans.
L'Institut national des statistiques a relevé que l'écart entre le nombre de naissances et de décès se creuse, en ce sens qu'une centaine de personnes meurent pour 67 naissances. Il y a dix ans, 96 naissances se produisaient pour cent décès et, par conséquent, la société italienne est devenue l'une des sociétés les plus vieillissantes. Le taux de natalité italien est considéré comme le plus bas du continent européen.
Selon les Nations Unies, l'Italie est le seul pays européen dont la population devrait encore diminuer au cours des cinq prochaines années. L'Italie qui se classe deuxième, après le Japon, en ce qui concerne les personnes âgées, compte 168,7 personnes de plus de 65 ans pour 100 jeunes.
La crise démographique croissante en Italie, due à la baisse du nombre de naissances et à l'augmentation de l'espérance de vie, est l'une des raisons de la stagnation chronique de l'économie du pays.
Selon les économistes, les répercussions négatives de la crise démographique sont la diminution du nombre de personnes en âge de travailler, qui à son tour entraine une réduction du taux de croissance annuel de l'Italie, outre la forte pression qu'exercent les personnes âgées sur les ressources des fonds de pension.
Par ailleurs, le gouvernement italien est confronté au problème du financement des fonds de pension, en ce sens que le montant du déficit couvert par le gouvernement italien provient des impôts. Le gouvernement craint en effet qu'un taux élevé de vieillesse entraîne une diminution des revenus fiscaux en raison d'une diminution du nombre de contribuables, ce qui affaiblira, par conséquent, la capacité du gouvernement à couvrir le montant du déficit, ainsi que l'aide médicale dont les personnes âgées dépendent le plus.
Le gouvernement tente, dans ce sens, d'encourager la natalité en promettant des incitations financières. Le chef du parti Italia Viva au pouvoir et ancien Premier ministre, Matteo Renzi, a promis une subvention mensuelle de 80 euros (95 dollars) pour chaque enfant de moins de 18 ans.
Dans ce contexte et au regard de ces données, la crise démographique dont l'impact s'intensifie d'année en année en Italie, risque d'être une entrave à la croissance à laquelle aspire la troisième économie de la zone euro.