Selon le ministre des Finances, Ukur Yatani, cette prévision pessimiste est due à des recettes qui s'annoncent en baisse par rapport aux objectifs fixés au début de l’année fiscale qui a débuté en juillet. Au cours des deux premiers mois de l’exercice financier 2020/2021, les recettes collectées par l’Etat ont été inférieures de 40 milliards de shillings (environ 368 millions de dollars) aux prévisions initiales.
Si aucun chiffre n’a été communiqué par rapport au nouveau déficit budgétaire prévu, le ministre Yatani indique que plusieurs mesures sont déjà envisagées pour y faire face.
"Il se pourrait que le gouvernement se contente de réduire certaines dépenses, en particulier celles concernant les projets qui avancent lentement. Nous devrions donc obtenir des dividendes substantiels", a-t-il indiqué.
Cette annonce intervient dans un contexte particulier pour l’économie des pays africains affectés par la pandémie de covid-19. Alors que les prévisions du FMI annonçaient une récession pour le pays cette année, la reprise du secteur horticole, un des secteurs clés de l’économie kényane, a poussé les autorités à revoir à la hausse leurs estimations de croissance 2020.
Notons que la première économie d'Afrique de l'Est espère bénéficier d’un soutien budgétaire de la Banque mondiale pour l’exercice financier 2021/2022.
L'"International Budget Partnership Kenya" (IBPK) avait averti cependant que l'instabilité financière et économique du pays a été aggravée par la pandémie de Covid-19 qui a contraint le gouvernement à aller au delà de ses moyens d'emprunt avec le risque de dépasser le plafond de la dette de 9 billions de shillings (environ 90 milliards de dollars) d'ici début 2022.
En 2019, le Parlement kényan avait adopté une loi portant amendement au règlement sur la gestion des finances publiques pour augmenter la limite de la dette du pays de 50% du produit intérieur brut (PIB) à 9 billions de shillings.
Le directeur national de l'IBPK, Abraham Rugo, a déclaré que le plus grand problème du Kenya est que le recouvrement des recettes n'a pas fonctionné comme prévu dans la déclaration de politique budgétaire 2020 en raison de la pandémie Covid-19, contrairement aux dépenses.
"À ce rythme, le dépassement du plafond de la dette est une possibilité imminente car le pays survit grâce aux prêts mais veut poursuivre ses projets ambitieux", note M. Rugo.
Au cours du premier trimestre de l'exercice financier 2020/2021, la "Kenya Revenue Authority (KRA)" a enregistré un déficit de perception des recettes fiscales de 317 milliards de shillings (environ 3,1 milliards de dollars), soit une baisse de 15% par rapport à ce qui avait été projeté, en raison des effets de la pandémie de Covid-19 sur l'économie.
L'argentier du Kenya avait déclaré récemment devant la commission des finances et de la planification de l’Assemblée nationale que la dette publique du pays avait dépassé la barre des 7 billions de shillings (environ 70 milliards de dollars), soit environ 71,2% du produit intérieur brut (PIB).
Il est à noter que les institutions de Bretton Woods - le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, ont toutes exprimé leur inquiétude concernant l’incapacité du pays à rembourser les prêts, dont la majorité sont commerciaux.