Au total, 17 sessions impliquant 80 intervenants issus de 37 pays sur quatre continents (Afrique, Amériques, Europe, Asie), ont traité de l’impact de la pandémie sur la géopolitique, l’économie et la démocratie, indique un communiqué du Policy Center for the New South (PCNS), notant que parmi les intervenants ont figuré nombre d’anciens Atlantic Dialogues Emerging Leaders, de jeunes professionnels issus de tout le bassin Atlantique.
Cette édition, nourrie par l’actualité des élections américaines et de la distribution de vaccins contre la Covid-19, a donné lieu à un dialogue qui incarne "un bien commun que nous apportons, avec des valeurs de tolérance, de respect des faits, de la science, et de curiosité pour les autres cultures", relève Karim El Aynaoui, président du PCNS, cité dans le document.
Des AD Talks, M. El Aynaoui retient que "nous sommes à un carrefour, et nos choix vont affecter les générations futures, notamment en matière de changement climatique. La gouvernance est essentielle, de même que la solidarité. Le Maroc l’a montré, en levant l’équivalent de 3 % de son PIB pour faire face à la pandémie".
La demande de protection est forte, de même que la capacité à mettre en place des filets de sécurité, à apporter les traitements nécessaires et les vaccins. En clair, l’État est de retour, soutient-il.
Ces débat ont été l'occasion d'effectuer un "passage en revue de la Covid-19 au Nord et au Sud", qui a permis de rappeler l'actualité du principe de non alignement en Afrique, un continent qui ne veut pas choisir entre la Chine et l’Occident, dans un monde où les notions d’Ouest, de Nord et de Sud semblent de plus en plus dépassées.
Le panel sur "L'essor de l’Asie : leçons apprises" s’est principalement focalisé sur la gestion chinoise de la crise Covid avec un niveau de suppression des libertés individuelles qui n’aurait pas été possible dans des sociétés ouvertes, en plus de dresser le bilan d’une performance mitigée dans certains pays démocratiques dans la gestion de la crise Covid-19 tel que le Royaume-Uni, le Brésil ou encore la France.
Au sujet des "Capacités de santé comme nouvel instrument de pouvoir", le repli des pays sur eux-mêmes durant la pandémie a mis en évidence le défaut d'une négociation globale, dans laquelle l’Europe et l’Afrique auraient pu s’allier, rappelle le communiqué, notant qu'une stratégie mondiale de vaccination s’avère nécessaire – prélude à l’attitude que devra avoir le monde face au climat.
En matière de "Coopération globale pour résoudre des crises globales", le retour des Etats-Unis sur la scène internationale avec l’administration Biden ne sera peut-être pas si fort, en raison de l’énergie à déployer en interne pour lutter contre la pandémie, et d’un moindre intérêt à jouer le rôle de gendarme du monde, ajoute la même source.
Les attentes frustrées que génèrent les démocraties et le système capitaliste ont été soulignées dans "La géographie des mécontentements dans le Sud global". Alors qu'avec "Les Etats et l’avenir de la démocratie", l’accent a été mis sur la résilience des valeurs démocratiques, malgré la perte d’influence de l’Occident. Et ce, même si le terrorisme entrave les démocraties en Afrique, de même que le populisme et l’islamophobie en Inde.
La session "Pandémies: sauver des vies humaines ou l'économie", est revenue sur une reprise américaine et asiatique plus dynamique qu’en Europe, de même que sur les effets du populisme, qui ont vu plusieurs chefs d’Etat refuser de porter le masque, comme aux Etats-Unis, au Brésil ou au Mexique.
Sur la "Covid-19 et le commerce international", on note que l'Amérique latine a été la région la plus touchée du monde, avec une baisse des exportations de 16 % au premier semestre 2020. Afin de préparer la prochaine pandémie, le besoin se fait ressentir d’un cadre international sur le commerce et la santé, afin de ne pas voir rompues les chaînes d’approvisionnement en produits médicaux.
Le panel sur "L’impact de la crise sur les marchés et la transition énergétiques" a relevé que les énergies vertes progressent partout. Cependant, la crise économique risque de retarder les mesures à prendre pour la transition, même si cette dernière paraît plus que jamais nécessaire, en raison du changement climatique.
Enfin, la session de clôture en présence de trois anciens présidents du Costa Rica, de l’Equateur et de l’Argentine, est revenue sur l’impact économique de la crise Covid en Amérique latine.
Lancé en 2014 à Rabat avec plus de 40 chercheurs associés du Sud comme du Nord, le Policy Center for the New South offre une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement. Il vise à faciliter les décisions stratégiques et les politiques publiques relevant de ses principaux programmes : Afrique, géopolitique et relations internationales, économie et développement social, agriculture, environnement et sécurité alimentaire, et matières premières et finance.