Réalisée en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), cette étude dont l'enquête qualitative a reposé sur 549 entretiens individuels et 83 groupes de paroles avec des jeunes de 15 à 24 ans au niveau de 23 localités, vise, à travers un diagnostic et une analyse quantitative et qualitative, à comprendre les causes de l'émergence des NEET, d’analyser l’hétérogénéité de leur situations et de formuler des propositions pour leur insertion économique et sociale.
Intervenant lors de cette rencontre tenue en format semi-présentiel, le secrétaire général de l'ONDH, El Hassan El Mansouri, a souligné que l'Observatoire attache une importance particulière à la question de la jeunesse de part ses travaux, car il est conscient que cette catégorie de citoyens est un acteur de développement économique et social et un levier pour la création de la richesse, notant que de nombreux dispositifs intégrant la dimension "jeunesse" sont mis en place en vue d’arrêter le flux de ces jeunes NEET.
Évoquant les initiatives telles que les établissements de protection sociale, les centres de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, les programmes de réinsertion scolaire et la lutte contre le décrochage scolaire et ceux en faveur de l’autonomisation des femmes, M. El Mansouri a mis en lumière l'ambition générale de placer les jeunes au cœur des politiques publiques et notamment de répondre aux lignes directrices de la Constitution du Royaume du Maroc.
S'agissant des résultats de l'étude, M. El Mansouri a fait savoir que sur 6 millions de jeunes de 15 à 24 ans, le taux des jeunes NEET s’élève en 2019 à 28,5% soit 1,7 million de jeunes, tandis que 55% des jeunes, soit 3,2 millions, poursuivent leurs études, effectuent un stage ou suivent une formation professionnelle. 16,1%, soit 1 million, exercent un métier, selon M. El Mansouri, qui a noté que cette catégorie de Marocains montre l’extrême difficulté à trouver sa place dans la société.
Par ailleurs, sur le plan quantitative, l'étude a identifié cinq profils de NEET, à savoir les femmes au foyer rurales à responsabilité familiale (54,3% des NEET), les jeunes citadins découragés (25%), les NEET en situation de transition (7,8%), les NEET volontaires par choix (7,5%), et les NEET souffrant de problèmes de santé (5,1%), a détaillé M. El Mansouri, précisant que les jeunes femmes représentent 76,4% des NEET dont 36,1% sont ruraux contre seulement 23,3% urbains.
Pour sa part, le directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Ted Chaiban, a affirmé que la question des NEET est une problématique n'est pas commune qu'au Maroc mais bien partagée par plusieurs pays, en l’occurrence ceux de la région MENA.
A ce titre, M. Chaiban a noté que pour l'UNICEF, la solution réside dans la mise en place d'une approche multisectorielle qui implique à la fois le secteur public et privé, au niveau national et local, et qui soit particulièrement axée sur la situation des jeunes filles et des femmes, notamment dans les régions rurales. Il a, en outre, insisté sur la promotion d'une éducation de qualité, accessible, et à même de pallier à ce phénomène social qui constitue un manque à gagner sur le plan socio-économique.
La représentante de l'UNICEF au Maroc, Giovanna Barberis, a, pour sa part, souligné "l’extrême" pertinence qui servira de guide à l'Organisation onusienne dans le cadre de ses programmations futures, mettant l'accent sur la transition démographique du Royaume sur laquelle il est essentiel de capitaliser pour que la jeunesse marocaine se transforme en levier de développement socio-économique du pays. Pour ce faire, Mme Barberis a également relevé la nécessité de la mise en œuvre d'une approche intégrée et multisectorielle.
De son côté, le directeur de la Jeunesse, de l’Enfance et des Affaires Féminines au ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Othmane Gair, a indiqué que lors de la réalisation du diagnostic en vue de l'élaboration de la Stratégie nationale intégrée de la Jeunesse - 2015-2030 (SNIJ), le ministère avait relevé la nécessité de la convergence de l'ensemble des intervenants de l'inclusion et de l'intégration des jeune.
Après avoir souligné que cette nécessité demeure toujours d'actualité pour combler la problématique handicapante des NEET, M. Gair a fait observer que l'âge éventuel de déperdition des jeunes se situe entre 15 à 29 ans pour un taux de 28% au niveau national.
Par ailleurs, face aux constats soulevés, l'étude recommande de garantir un accompagnement sécurisé du parcours de tous les jeunes, d’assurer leur intégration politique, d'assurer leur intégration économique, d’améliorer l’accès à la formation professionnelle aux jeunes NEET ruraux et de renforcer la prise en charge de la santé mentale et des troubles de l’apprentissage des jeunes les plus vulnérables.