Rabat, 30/01/2021 (MAP)- Les Maisons des jeunes ont toujours constitué une école réelle d'interaction sociale et d'amélioration de la performance cognitive et professionnelle ainsi qu'un espace de formation, de savoir et de pratique de diverses activités développant la personnalité des enfants et des jeunes afin qu'ils deviennent des citoyens responsables au sein de leur famille, environnement, société et nation.
Les missions de cette institution revêtent une grande importance à la lumière des différents dangers qui menacent les jeunes tels que le développement technologique et plus précisément, la mauvaise utilisation des réseaux sociaux qui, afin d'y faire face, nécessite la mise à la disponibilité des jeunes d'activités culturelles et artistiques ciblées afin d'investir dans leurs talents et compétences et assurer leur présence positive dans la société de manière à construire une génération de jeunes qui sont convaincues des principes de leur société et pays et qui utilisent leurs compétences et capacités au service du développement durable dans divers secteurs.
Les maisons des jeunes ont, au fil des années, perdu leur importance de manière progressive puisque le nombre de ces institutions dans le Royaume ne dépassent pas 650, un chiffre modeste qui ne reflète pas le rôle vital que ces maisons des jeunes revêtent dans les domaines de l'éducation, de l'instruction et de l'animation.
Parmi les 650 maisons des jeunes, 100 ont fermé leurs portes en raison du déficit en matière des ressources humaines, ce qui impose de réfléchir aux moyens de promouvoir et d'insuffler une nouvelle dynamique dans ces services publics vitaux afin qu'ils puissent poursuivre leurs missions nobles.
Pour le professeur-chercheur en sociologie, Ali Chaabani, le ministère de tutelle considérait les maisons des jeunes comme une institution éducatif, culturelle et sociale qui contribue à la formation et à l'insertion des enfants et jeunes dans la société en développant leur personnalité et en mettant à leur disponibilité les outils et moyens nécessaires pour investir leur temps libre dans des activités susceptibles de développer leurs idées, potentiels et ambitions, en plus de répondre à leurs besoins et choix dans le plein respect de leur civilisation.
"Elles représentaient également un centre principal permettant aux jeunes de s'interroger sur les questions et les différents problèmes qu'ils rencontrent dans un cadre de débat démocratique et responsable", a indiqué le sociologue, ajoutant qu'il s'agit également d'un espace d'échange d'expériences et d'expertises entre les associations et les jeunes.
M. Chaabani a, dans ce sens, estimé que cette institution souffre désormais de plusieurs dysfonctionnements notamment, un déficit en matière de ressources humaines qualifiées et formées pour œuvrer au sein des maisons des jeunes, notant que celles-ci connaissent également une grande détérioration et négligence qu'elles les ont incité à renoncer à leurs rôles traditionnels.
"Parmi les raisons du recul du rôle des maisons des jeunes figurent également, la création de centres socio-éducatifs et sportifs disposant de terrains de sport, salles de jeu et bibliothèques", a-t-il fait remarquer, mettant en avant à cet égard le besoin de réfléchir aux moyens de renouveler et de préserver cette institution ou plutôt de l'intégrer dans d'autres établissements pour qu'elles puissent remplir ses rôles éducatifs, culturels, de communication et d'insertion.
Ainsi, une étude réalisée ces dernières années sur les maisons des jeunes a révélé que ces institutions ne motivent pas les jeunes à participer à la prise de décision, ce qui a crée une réticence chez les jeunes à l'intégrer.
Selon cette même étude basée sur un échantillon de plus de 300 jeunes, ces institutions connaissent un faible modèle de gouvernance ainsi qu'une absence de mécanismes de gestion, sachant que 80% des répondants ont exprimé leur insatisfaction vis-à-vis des services de ces maisons des jeunes.
Conscient des dysfonctionnements et lacunes dont souffrent les maisons des jeunes, le département de la Jeunesse et des sports a placé, selon le ministre de la Culture, de la Jeunesse et du Sport, Othman El Ferdaous, la réhabilitation des maisons des jeunes au Maroc pour répondre aux exigences de cette catégorie sociétale au centre des objectifs du ministère.
Le ministre avait souligné lors de son exposé relatif au projet du budget du département de la jeunesse et du sport au titre de l'année en cours présenté à la Chambre des représentants que l'offre présentée sera développée au niveau des maisons des jeunes en les adaptant aux attentes des bénéficiaires, en impliquant ces derniers dans la prise de décision, en renforçant la carte des établissements sur le plan national et en définissant des normes de qualité des services fournis afin d'atteindre l'égalité des chances et la justice territoriale.
Le responsable gouvernemental avait également évoqué la création d'un cadre réglementaire pour l'animation socioculturelle et la promotion du volontariat en définissant le cadre général de l'animation socioculturelle, en fixant le cadre réglementaire de l'animateur socioculturel et de la profession de cadre d'animateur socioculturel, et en structurant la formation liée à la profession d'animateur socioculturel en définissant le cadre de référence relatif à la profession d'animateur socio-éducatif.