Ils sont tout simplement un groupe d'hommes retraités qui ont transformé certains points particuliers en lieu de rencontres quotidiennes pour faire écouler le temps après de longues années de travail et se fondre dans une ambiance post-professionnelle plus détendue, notamment ceux qui n'arrivent pas à trouver d'autres activités ou une autre occupation après la vie active.
Pour ce qui est des retraitées femmes, c'est toute une autre histoire car la plupart d'entre elles ne trouvent pas de difficulté à gérer leur emploi du temps, elles trouvent presque toutes refuge dans les tâches familiales qui leur offrent un véritable substitut aux responsabilités professionnelle.
Dans leur vie quotidienne, les personnes parties à la retraite gèrent leur temps comme elles peuvent, quoique la période post-professionnelle prenne diverses formes conditionnées par les circonstances particulières de tout un chacun, ses propres intérêts, sa situation sociale, ses moyens financiers et sa conception de l'existence.
Cependant, la continuité de la vie après une longue période de travail pose des problématiques à plusieurs égards, notamment si l'on n'est pas suffisamment préparé aux plans psychologique et social, surtout que la gestion de cette tranche de l'existence implique généralement la gestion des périodes d'oisiveté pouvant constituer un lourd fardeau pour le retraité s'il n'arrive pas à trouver de quoi combler le vide, comme l'a confié à la MAP Mohamed un ancien responsable régional du département de l'industrie et du commerce à Casablanca, qui a préféré garder l'anonymat.
Pour lui, la gestion du temps après de longues années de service n'est pas chose aisée, notant qu'il connait plusieurs retraités qui mènent bien leur barque, alors que d'autres n'ont pu tenir le coup pour moult raisons.
Partant de sa propre expérience, il a dit passer la majeure partie de son temps dans un café au quartier populaire de Bournazel, en compagnie de plusieurs de ses pairs, en vue de discuter de tout et de rien, d'échanger les idées et de débattre de différents sujets d'actualité.
Néanmoins, la prolifération du nouveau coronavirus n'a fait qu'empirer la situation des retraités, puisque la crise sanitaire les a privés de ces moments de sociabilité, étant restés confinés chez eux pendant des mois, à l'instar du reste de la population, et contraints de se conformer aux mesures de précaution fixées par les autorités. Même après l'allègement du confinement, la situation n'a pas beaucoup changé, en raison de soucis liés à la fragile santé de plusieurs d'entre eux, conscients qu'ils sont de la nécessité de ne pas baisser la garde face au pernicieux virus.
Dans un autre aspect de la vie des retraités, un café au quartier Sadri à Casablanca accueille plusieurs d'entre eux qui ne trouvent de mieux que de s'adonner au jeu des cartes pour passer le temps et briser la routine.
Autrefois, la vie des retraités était limitée à des soucis financiers liés aux charges quotidiennes et aux soins médicaux, notamment ceux ayant une modique pension, tandis qu'à l'heure actuelle les soucis s'étendent aux volets social, sanitaire et psychologique, ce qui justifie la création d'associations qui s'intéressent aux affaires des retraités, voire l'éclosion de médias spécialisés au vu du poids et de l'importance de cette catégorie.
Ainsi, la Fédération des associations nationales des retraités au Maroc s'est constituée pour défendre les intérêts des anciens actifs, qui représentent 10 pc de la société. Et au rythme des départs à la retraite, les rangs de cette population sont appelés à gonfler d'année en année, ce qui va poser sérieusement la question de la préparation de cette délicate période de la vie de tout un chacun.
Au-delà du problème de soutenabilité des systèmes de retraite, un sujet qui revient avec acuité depuis belle lurette, la nouvelle donne devrait inciter à une réflexion profonde sur l'élaboration de programmes spécifiques à cette catégorie, histoire de mettre les expériences accumulées à la disposition de projets communautaires et combattre l'atroce sentiment de marginalisation après avoir passé les plus belles années de son existence à servir les autres.