Débattue d’abord en Conseil de gouvernement, une convention entre le Maroc et la France concernant l’enseignement de la langue arabe en France dans le cadre des Enseignements internationaux de langues étrangères (Eile), vient d’être adoptée en Conseil des Ministres. En vertu de cet accord, signé le 06 octobre 2020, la langue arabe peut être enseignée dans les écoles publiques françaises, en partenariat avec le gouvernement du Royaume du Maroc. Cet enseignement se fera à condition qu’il soit conforme aux principes généraux de l’éducation nationale française.
En tant que fervent défenseur de l’enseignement de la Langue arabe, Jack Lang, auteur de l’ouvrage « La langue arabe, trésor de France », revient, dans un entretien à la MAP, sur l’importance de cette décision et ses bénéfices pour la communauté arabe installée en France, ainsi que pour les Français qui souhaitent apprendre cette langue millénaire.
« Je salue cette décision qui contribue à donner à la langue arabe une place réelle dans l’enseignement en France. L’arabe, qui fait partie intégrante de l’Histoire de notre pays, doit bénéficier, en France, d’un enseignement public et laïc. au même titre que l’anglais ou l’allemand », a déclaré le président de l’IMA.
Selon Jack Lang, les premiers bénéficiaires de cette mesure sont l’ensemble des apprenants de la langue arabe, qui auront accès à un enseignement de qualité, au sein de leurs établissements scolaires.
Aujourd’hui, en France, seulement un enfant sur mille étudie l’arabe en primaire, et deux sur mille au collège. Cette tendance s’inverse dans l’enseignement supérieur, où l’apprentissage de l’arabe est plus largement proposé et ce dans des établissements réputés.
« Cette réforme est un grand pas dans notre démarche de démocratisation de la langue arabe. L’arabe est la langue d’une civilisation d’une incroyable richesse et diversité», considère M. Lang.
D’ailleurs, « cette diversité est célébrée par le Royaume du Maroc, qui définit son unité dans le préambule de sa Constitution, comme étant « forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie » et s’est « nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen » », a-t-il tenu à souligner.
« À l’IMA, nous travaillons à promouvoir les mille et unes couleurs du monde arabe et de sa langue en offrant la possibilité à nos apprenants d’un enseignement des différents dialectes, de la darija marocaine aux dialectes levantins », a ajouté Jack Lang.
De même, « le Maroc encourage le plurilinguisme, et je remercie chaleureusement le royaume et en particulier Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour son engagement en faveur de l’enseignement de la langue française au Maroc, de la langue arabe en France et pour son attachement à la diversité des cultures et des langues », a indiqué M. Lang.
Auteur de « La langue arabe, trésor de France », paru en 2020, l’ancien ministre de la Culture, assure que « l’ambition de son livre est de faire connaître la richesse de la langue arabe aux français ! » « Elle est une langue de culture, de commerce, de sciences. C’est aussi la langue de la jeunesse puisqu’elle est une des langues les plus utilisées sur les réseaux sociaux ! »
Pour redonner à la langue arabe sa pleine dignité mondiale, l’IMA a lancé la première certification de maîtrise de la langue arabe, le CIMA, qui fait office de TOEFL de la langue arabe, indique son président. Il est aujourd’hui possible de passer cette certification dans plusieurs pays européens et dans le monde arabe également.
« En promouvant les merveilleuses cultures arabes, nous pouvons renforcer cet intérêt indéniable pour la langue arabe que nous observons aujourd’hui », a assuré M. Lang, affirmant qu’il reste convaincu qu’ »en poursuivant la promotion de la culture de cette formidable région, l’engouement de notre jeunesse pour la langue arabe, déjà présent, suivra ».
Selon le Président de l’IMA, la certification en langue arabe s’inscrit dans le cadre de la mission de l’IMA, qui vise à faire connaître la langue et la culture arabes en France et dans le monde. Outre la valorisation de la langue, CIMA répond à une vraie demande, à une époque où la certification dans tous les domaines devient impérative, et pour une langue mondiale, l’arabe, où peu de certifications d’envergure ont vu le jour jusqu’à présent.
Le Certificat International de Maîtrise en Arabe ou CIMA est en effet le premier certificat en langue arabe internationalement reconnu. C’est la première fois qu’un certificat rigoureux, validé scientifiquement, permet à la fois d’attester de la capacité à communiquer en arabe, et de valoriser son enseignement, voire de modéliser et de moderniser cet enseignement à plus long terme par une approche communicative fondée sur les dernières études pédagogiques, s’est-il félicité.