1. En tant qu’auteure et romancière, que représente pour vous la Journée de l'écrivaine maghrébine ?
Je me pose toujours cette question concernant les «Journées de…», sont-elles vraiment nécessaires, n’est-ce pas seulement un nouvel accessoire permettant de ranger ce qui dérange et soulager nos consciences sur le plan de l’équité ? Cette journée n’a de sens que si elle s’accompagne de débats et de mise en lumière des écrits.
Il est primordial de présenter la lecture aux jeunes comme un outil d’exploration, d’émancipation, de tolérance et d’ouverture sur le monde, une sorte de promesse de découverte de sensations particulières, en leur laissant la liberté d’aborder la lecture par la bande dessinée ou la poésie.
2. Ne pensez-vous pas que les œuvres féminines (au Maghreb) souffrent d'une étiquette qui touche à la lutte féminine contre les problèmes spécifiques à cette région ?
Il est vrai que l'écriture des femmes maghrébines a souvent été associée à l'émancipation et à la quête d’un chemin permettant de surmonter certains obstacles culturels. Les pionnières, comme Fatima Mernissi et Assia Djebar, ont tenté de s’évader des frontières invisibles infligées dès leur plus jeune âge. Elles ont démontré que la femme peut exister en dehors des limites patriarcales.
Il serait injuste de réduire leur œuvres uniquement à cela, il faut souligner les valeurs esthétiques et littéraires de leurs écrits, ne pas se limiter à mettre en exergue leur engagement.
3. L’écriture féminine est-elle une écriture féministe ?
Il y a souvent confusion entre écriture féminine et écriture féministe, justement parce que les pionnières de l’écriture maghrébine ont exploré ces chemins et ouvert de nombreuses voies. Les écrivaines maghrébines ont longtemps été considérées comme des femmes aux frontières de l’interdit.
Grâce à elles nous pouvons passer à autre chose, visiter d’autres domaines, élargir les champs et les registres, il faut surprendre, étonner, s’engager dans toutes les voies qui se profilent et elles sont nombreuses.