Les résultats de cette étude, menée dans le cadre du Programme conjoint "Appui à l’évaluation des politiques publiques en faveur d’un développement humain équitable" entre l’Observatoire National du Développement Humain (ONDH) et le Système des Nations Unies, et plus particulièrement ONU-femmes, ont été présentés lors d'un webinaire tenu mardi au siège du Bureau de Coordination des Nations Unies, à Rabat.
S’appuyant sur les données issues de l’enquête panel de ménages de l’ONDH et enrichie par des investigations de terrain, l'étude mis en évidence les inégalités touchant les femmes et les filles au Maroc à travers l’examen de plusieurs indicateurs de résultats liés aux ODD. Elle souligne également les causes profondes de ces inégalités généralement déterminées par des facteurs structurels sous-jacents et souvent ancrées dans les institutions économiques, sociales et politiques du pays.
S'exprimant lors de ce webinaire, le Secrétaire général de l’ONDH, El Hassan El Mansouri, a indiqué que cette étude est unique en son genre puisque c'est la première fois que le point est mis sur les inégalités entre les femmes, dépassant la notion considérant les femmes comme groupe homogène et universel.
"Cette étude a confirmé qu'il y a énormément d'hétérogénéité entre les femmes selon différents facteurs, notamment le lieu de résidence, le niveau d'instruction, l'état matrimonial et le niveau de vie", a ajouté M. El Mansouri.
Il a en outre noté que l’analyse qualitative menée auprès de ces femmes, à travers la conduite d’entretiens approfondis et de focus groupes, a permis de mieux cerner le vécu de celles-ci, leurs difficultés, leurs attentes et leurs aspirations.
Pour sa part, la Représentante d’ONU-Femmes au Maroc, Leila Rhiwi, a souligné que l'étude a consisté à analyser les discriminations intersectorielles de genre, notant que l'idée à travers cette analyse est de considérer que des discriminations multiples se superposent et aggravent les inégalités en général et les inégalités entre femmes elles-mêmes en particulier.
"L'approche intersectionnelle retenue pour réaliser cette étude permet de visibiliser celles qui sont les plus marginalisées, vulnérables et exclues afin de mieux orienter les politiques publiques qui leur sont destinées et répondre à leurs besoins et attentes", a relevé Mme Rhiwi.
Elle a en outre mis en lumière l'impact de la crise sanitaire qui est venue exacerber les inégalités genre et marquer un recul dans cet agenda en terme de progrès, puisqu'elle a touché les plus vulnérables et aggravé de façon disproportionnée l'impact de la crise sur les femmes et les filles.
De son côté, la Coordinatrice Résidente des Nations Unies au Maroc, Sylvia Lopez-Ekra, a fait savoir que cette étude est très avant-gardiste et permettra de mieux comprendre l'intersectionnalité des discriminations dont souffrent les femmes.
Cette restitution est très importante au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes, a-t-elle affirmé, ajoutant qu'il a été constaté que "de par le monde, les femmes continuent de souffrir énormément de discrimination et que cette situation a été encore plus aggravée par la pandémie qui a risque aujourd'hui de faire perdre plusieurs années de progrès déjà limité en matière d'égalité des sexes".
"Grace à cette étude, nous pouvons voir les femmes qui sont le plus laissées pour compte et celles qui dont la réalité quotidienne n'a pas changé malgré les avancées importantes réalisées par le Maroc, qui a inscrit au cœur de sa Constitution la prohibition de la discrimination à l'égard des femmes et qui a fait des avancées législatives importantes ces dernières années pour ôter ces obstacles face aux femmes, notamment les veuves, celles qui vivent dans des zones enclavées et les femmes analphabètes", a fait observer Mme Lopez-Ekra.
Parmi les principaux résultats que fait ressortir l'étude, les femmes rurales les plus pauvres sont deux fois plus nombreuses à se marier avant l’âge de 18 ans, comparativement à leurs homologues les plus riches issues des ménages urbains (28,3% contre 13,9%), la prévalence de la violence à l’encontre des femmes reste élevée (58% en milieu urbain et 55% en milieu rural) et elle se manifeste autant dans les sphères privées (52%) que publiques (48%), et les carences les plus flagrantes sont observées dans les régions de Fès-Meknès, Casablanca-Settat, Beni-Mellal-Khénifra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, en ce qui concerne respectivement l’accès à l’éducation, le bénéfice d’une couverture médicale et le recours aux consultations prénatales et à l’accouchement en milieu surveillé.
Cet évènement a été tenu en présence notamment du directeur des études à l'ONDH, Ikbal Sayah, de l'anthropologue Hayat Zaari et d'une soixantaine de participants par visioconférence, notamment des représentants des différents départements ministériels.