Que ce soit au niveau du Comité central de vaccination, du Comité technique de pharmacovigilance ou de la Commission nationale de pharmacovigilance, et vu les données dont nous disposons, "aujourd’hui la position du Maroc est qu’il n y a aucune relation qui peut être retenue entre l’utilisation du vaccin d'AstraZeneca et l’apparition des accidents thromboemboliques", a souligné Mme Soulaymani Bencheikh dans un entretien accordé à la chaîne d'information en continu de la MAP (M24).
"Au Maroc, nous avons eu quatre déclarations d’accidents thromboemboliques qui se sont manifestés environ une semaine à 10 jours après la prise du vaccin", a-t-elle fat savoir, précisant que ces accidents sont survenus chez des patients âgés, qui ont d'autres facteurs de risque comme le diabète, l'hypertension ou la sédentarité.
"En population générale, l'incidence des accidents thromboemboliques est de 1,5 pour 1.000 personnes, alors qu'au Maroc, sur 5 millions de personnes vaccinées, seuls 4 cas ont été déclarés, soit moins de 1 cas par 1 million d’habitants", a-t-elle rassuré.
"Avec tout ce qui est relayé par les médias et ce qui se passe à l'étranger, les gens vont avoir tendance à associer n'importe quel événement au vaccin", a souligné Mme Soulaymani Bencheikh, notant que "notre avis sur la question a été conforté par les experts, qui disent que ces patients ont exactement le même profil de ceux qu’on voit régulièrement, indépendamment du vaccin".
En effet, une réunion a été tenue mercredi, avec 16 experts, dont des neurologues, des cardiologues et des internistes, opérant dans différents centres hospitaliers, qui ont l’habitude de voir ce genre de cas, a-t-elle fait savoir, affirmant que "ces experts ont conclu que les quatre patients ayant développé des accidents thromboemboliques ont exactement le même profil que les patients qu’ils reçoivent régulièrement, indépendamment du vaccin".
Par ailleurs, Mme Soulaymani Bencheikh a souligné que "nous sommes en phase d'observation en vue d'une détection rapide des phénomènes indésirables", indiquant que 50% des déclarations reçues sont de types attendus banals.
"Depuis le lancement de la campagne de vaccination, nous avons eu autour de 1,3 déclarations qui ont été faites pour 1.000 sujets vaccinés, ce qui est bien, parce que ça nous donne de la visibilité sur ce qui se passe sur le terrain".
Les déclarations et les opérations de collecte des effets attendus et des effets inattendus ont été relevés et parmi les effets attendus, il y a lieu de citer les manifestations qui on été découvertes lors des essais cliniques ou celles provoquées habituellement par l'injection de tout type de vaccin (fatigue, courbature, fièvre, rougeur, un peu de douleur…), explique la responsable.
Parmi les réactions attendues, mais qui sont relativement plus sérieuses, figurent des cas d'allergie graves, a-t-elle ajouté, notant toutefois que ce sont des cas rares, "parce qu’on sait au préalable si une personne peut développer des allergies graves".
Et de préciser que "nous avons 1 à 2 cas d’allergie sévère sur 1 million de sujets vaccinés".
Dans cette optique, le ministère de la Santé a déjà formé tout le personnel des centres de vaccination pour faire un interrogatoire avec les patients et faire en sorte d'éliminer toutes les personnes prédisposées à développer ce genre de réactions, note Mme Soulaymani Bencheikh, rappelant que la personne qui se fait vacciner doit rester, au moins, 20 minutes dans le site de vaccination.
Saluant la mise en place par le ministère de l'application Yakadaliqah pour le suivi médical et pour la déclaration des effets indésirables et l'adhésion remarquable de la population à cette opération, Mme Soulaymani Bencheikh a relevé que 60% des déclarations des événements indésirables proviennent de cette application.
"Aujourd’hui, nous avons un nombre important de déclarations d'effets indésirables, grâce à l’application, mais aussi aux appels téléphoniques", a-t-elle fait savoir, précisant qu'un numéro de téléphone est dédié à la population vaccinée, tandis qu'un autre est dédié aux professionnels de la Santé.
Dans le même sens, la directrice du centre national a mis en avant le rôle des correspondants régionaux de pharmacovigilance, qui sont mobilisés pour collecter les effets indésirables.
"On ne se contente pas d'attendre les déclarations des gens. Nous effectuons un travail de collecte à travers tout le territoire national", a-t-elle déclaré, émettant le souhait que cet engouement perdure au-delà de la campagne de vaccination.
Un bon système de pharmacovigilance est un système qui génère environ 300 notifications par 1 million d’habitants, a fat savoir Mme Soulaymani Bencheikh, soulignant qu'au Maroc, nous avons beaucoup de déclarations, ce qui traduit la grande adhésion de la population à ce système.
"Notre système de pharmacovigilance, qui est établi depuis 32 ans et qui compte énormément d’experts, est l’un des systèmes les plus performants actuellement, s'est-elle félicité.
Aux côtés des centres suédois et indien, nous sommes reconnus au niveau international comme l’un des trois centres mondiaux qui sont nommés par l’Organisation mondiale de la Santé comme centre collaborateur de cette institution dans, le but de développer la pharmacovigilance dans le monde.