L'élan solidaire engageant personnes morales et physiques a constitué un mécanisme opérationnel et globalement efficient pour atténuer les circonstances difficiles imposées à de larges pans de la société, dont les enfants doublement pénalisés par la détérioration de la situation financière des familles et les difficultés d'apprentissage.
Dans ce contexte précis, on peut citer l'exemple de la campagne de solidarité "Madrasstna Fdarna" lancée à Casablanca par trois jeunes femmes bénévoles pour la collecte de fonds destinés à l'achat de tablettes numériques et recharges au profit d'élèves issus de familles pauvres.
Touchées par la problématique relative à l'enseignement à distance, Imane Aoun, Zineb Chafchaouni Moussaoui et Kenza Rhili ont réfléchi au meilleur moyen de venir en aide aux familles qui n’ont pas les moyens de procurer à leurs enfants support numérique et connexion Internet pour suivre les cours en ligne.
C'est ainsi que ces trois professionnelles de l’audiovisuel et de la communication, âgées entre 25 et 29 ans, ont dessiné les grands contours de cette action, en tant qu'initiative créée par les jeunes, avec les jeunes et pour les jeunes. Et pour conférer davantage de visibilité à leur projet, elles se sont associées à "L'Heure Joyeuse", une organisation jouissant d'une bonne réputation sur la place, pour porter ce projet et en assurer la viabilité.
Armées de patience et de persévérance, ces jeunes femmes, dont le dénominateur commun est le volontariat, ont pris leur courage en mains et frappé aux portes des "grands" pour venir en aide aux petits, de jeunes écoliers qui ne demandent qu'à poursuivre leurs cursus.
En effet, la crise sanitaire a imposé ses règles du jeu: fermeture d'établissements scolaires et enseignement à distance qui exigent la réunion de conditions favorables, mais aussi certains outils de travail: ordinateurs, tablettes numériques et connexion, qui ne sont pas à la portée de tous, notamment des enfants issus du monde rural et ceux de ménages à revenus limités.
Une opération de collecte de fonds a été lancée, en février dernier, pour pouvoir financer l’achat de 3.000 tablettes numériques et recharges Internet qui seront ensuite distribuées dans 6 régions, à savoir Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Béni Mellal-Khénifra, Darâa-Tafilalet, l’Oriental et Fès-Meknès. Pour une première étape, on vise la barre de 500 tablettes.
Pour soutenir la collecte de dons, elles ont fait appel à des sportifs marocains de haut niveau, influents sur les scènes nationale et internationale, qui se sont mobilisés via des capsules vidéo, dont le champion de boxe, Mohamed Rabii, et les footballeurs internationaux Jawad Zairi et Yassine Bounou.
Sollicités pour contribuer à cette action, ces grands sportifs, qui ont tout de suite cru en cette noble cause, ont accepté, sans hésitation aucune, de parrainer cette campagne de solidarité et d’apporter tout le soutien nécessaire pour son bon déroulement.
Le choix de cette action sociale n'est pas fortuit, comme l'explique Kenza Rhili dans une déclaration à la MAP. "D’abord, nous nous sommes inspirées de l'exemple du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus, mis en place sur instructions de SM le Roi Mohammed VI, et aussi de l’élan de solidarité dans le milieu sportif marocain".
"Nous étions enchantées de voir à quel point la riposte solidaire s’est renforcée face à cette crise sanitaire, et à quel point les efforts des organisations se sont accélérés pour mener des actions auprès des populations les plus fragiles", a-t-elle raconté.
Quatre mois de réflexion étaient nécessaires pour tracer les étapes de la construction de la campagne "Madrasstna Fdarna" et établir une stratégie adéquate pour mieux comprendre et répondre aux besoins des enfants sur le plan pédagogique.
"Alors que chacune de nous se considère comme une simple servante de la cause publique et cherche à accomplir des actions à vocation humaine, nous étions touchées de voir à quel point la pandémie a bouleversé l’éducation comme jamais auparavant", a-t-elle relaté.
Et de poursuivre: "Nous nous sommes donc motivées à l’idée de pouvoir rejoindre la cause de l’éducation, et nous nous sommes fixé pour objectif de créer une campagne de solidarité afin d'aider les élèves issus des familles défavorisées pour la continuité pédagogique".
Après avoir établi les objectifs, la vision et la personnalité de la campagne "Madrasstna Fdarna", et mis en place une stratégie à suivre, les jeunes bénévoles sont allées à la recherche des experts en la matière pour l’exécution du projet, en l'occurrence l'association L’Heure Joyeuse qui a répondu présente pour porter et accompagner cette campagne.
Pour la réussite de cette action, l'association a consacré un budget pour couvrir certaines dépenses, notamment en termes de communication et logistique, en mobilisant ses partenaires privés, nationaux et internationaux, pour soutenir la collecte de fonds.
L'Heure Joyeuse coordonne ainsi avec les divers intervenants dans cette opération et intervient dans différents domaines, notamment les volets administratif, réglementaire, opérationnel et de communication, le suivi et la coordination avec les différentes parties prenantes du projet (départements ministériels et associations locales), dépôt des dossiers de sponsoring, gestions logistique et financière.
La détermination de ces jeunes filles de mener des actions solidaires ne date pas d'aujourd'hui, puisqu'elles avaient déjà réalisé auparavant un court métrage de sensibilisation à la violence à l’égard des femmes pour le compte d’une association, animé des ateliers en faveur de l’école de la 2ème chance et produit une capsule vidéo au profit d’un organisme social.