Les valeurs sont la clef de voûte de la qualification et la réinsertion des détenus et constituent des lois pour la vie et des critères et des règles qui incarnent la conscience de la société dans le cadre de l'ouverture, du dialogue et du vivre ensemble, a souligné M. Ben Abdelkader qui s'exprimait à l'ouverture de la 8è édition de l'"Université dans les prisons" (université du printemps), organisée par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI.
Les établissements pénitentiaires abritent plusieurs individus issus de différents environnements sociaux et culturels, qui constituent une micro-société avec différents référentiels sociaux et adoptant des comportements déviés, a-t-il indiqué à l'ouverture de cette édition, organisée en présentiel à la prison locale de Salé 2 et à distance, sous le thème: "les valeurs sociales et la préparation des détenus à la réinsertion".
A cet égard, le ministre a insisté sur l'importance d'inculquer les valeurs sociétales aux prisonniers durant la période de leur détention, faisant savoir que cela permettra de garantir la cohésion sociale et la coexistence pacifique, de remédier aux stigmatisations du détenu et de sa famille et d'éviter les cas de récidives, qui ont toujours préoccupé ceux qui élaborent et exécutent la politique pénale.
Il a, en outre, attiré l'attention sur la régression des valeurs qui constitue l'un des principaux motifs de commission de crimes, citant, dans ce contexte, les statistiques pénales qui ont montré une augmentation de différents crimes, comme les crimes commis contre les personnes ou les biens, dont la violence contre les ascendants, les coups et blessures, la diffamation, l'injure publique, l'escroquerie, la corruption, l'abus de confiance, la corruption et le faux témoignage.
A cet égard, M. Ben Abdelkader a déploré l'absence d'études scientifiques et pratiques sérieuses traitant du diagnostic et de l'analyse des comportements et phénomènes criminels, à travers de multiples approches juridiques, sociologiques et psychologiques.
Le ministère de la Justice attend de l'Observatoire national de la criminalité, qui sera bientôt mis en place au niveau de ses structures, de jouer un rôle majeur dans le suivi des statistiques de la criminalité à partir de ses sources officielles dans les tribunaux, les prisons et les services de sûreté, a-t-il souligné.
Cet observatoire doit étudier et analyser les phénomènes criminels, proposer des stratégies et des plans pour y faire face et les prévenir sur la base de ses mécanismes internes et à travers la coordination avec le reste des départements et organismes concernés, notamment les universités et instituts spécialisés, avec lesquels ils concluront des accords de partenariat et de coopération dans ce cadre.
Il a, en outre, rappelé qu'il a été procédé, au niveau de la Direction des affaires criminelles et des grâces au ministère de la Justice, à la collecte et la classification des données statistiques pénales pendant plusieurs années, tout en effectuant des études et recherches pénales et en publiant un magazine spécialisé intitulé "magazine des affaires criminelles" par le Centre d'études et de recherches criminelles de la même direction, destiné à la publication de données statistiques, d'études et de recherches criminelles, notamment en relation avec certains aspects criminels.
L'ouverture de cette édition a été marquée par la présence du ministre de la Justice, Mohamed Benabdelkader, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, le secrétaire général de la Rabita Mohammadia des oulémas, Ahmed Abbadi, le président de l'université Mohammed V de Rabat, Mohamed El Rhachi et de plusieurs autres personnalités du monde académique.
Le programme de cette université comporte notamment deux conférences axées sur "Les valeurs: Étymologie et pertinence à la question carcérale" et "Les valeurs: Entre responsabilité individuelle et institutionnelle".